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13 avril 2011

Longue cotiere vers la Havane

 

P1020406Nikko reprend son vol pour Montréal le 17 Avril, Après notre premier aperçu urbain de Cienfuegos, il souhaite naturellement se garder quelques jour dans la capitale. 500 milles en étapes pour la plupart désertes nous en séparent et je tente d'établir un programme en fonction. Pas évident du tout. Le régime météo dominant d'alizés NE est censé exposer le nord de Cuba et protéger le sud où nous nous trouvons mais une dépression stationnaire sur le Yucatan chamboule durablement les statistiques et  un flux du sud est de mise. Pas de chance car les Cayes du sud se négocient plutôt par temps calme. L'Imray de Cuba est épai comme une bible et paradoxal comme le pays: Les mouillages protégés du flux sud sont au nord des cayes mais sans intérêt, moustiques et mangrove, les lagons et plages au sud sont pratiquables quand c'est calme seulement, d'autant que l'accroche des ancres sur des fonds durs est médiocre. Pas très encourageant.

 

P1020380Si j'ai acquis une bonne expérience nautique tout terrain au cours de ce voyage, hauturier, fleuves, caillasse et autre, j'avoue être bizuth sur des terrains comme Cuba où on passe de 1000 mètres de fonds à des reefs dangereux en deux milles. Commençons simple: Cienfuegos Cayo Rosario, 120 milles. A l'arrivée, un chenal balisé qui coupe le reef histoire de se faire la main et la barrière de corail qui casse le swell même le plus gros. Pénibilité et longueur des formalités de sorties de Cienfuegos obligent, nous ne partons qu'en fin de matinée, lorsque le thermique accélérant les conditions dépressionnaires actuelles s'est bien levé. Nous croisons un catacaravane dans la passe qui  retourne penaud à la Marina et nous incinte à faire de même. J'y réflechis un peu mais, à la différence d'un de ces veaux,  Galapiat peut se frotter à des conditions inconfortables. Deux ris dans la toile, génois P1020368bien réduit, nous progressons à bonne vitesse sur le cap au près serré. Les conditions se calment au fur et à mesure que nous nous dégageons de la côte et en fin d'après midi, toute voile est dehors. Le vent tient la nuit et au final, la passe est atteinte à l'aube.

 

Certes correctement protégés du swell et heureusent car ça souffle, dans trois mètres d'eau,  on est comme mouillé au milieu de l'océan, à bonne distance des deux Cayos environnants. De la mangrove seulement. L'eau est claire mais les possidonies qui tapissent les fonds pourtant tout proches leur donnent une teinte verdadre. Décevant de prime abord mais c'est comme ça et nous sommes fatigués de notre dernière nuit à Cienfuegos et de la nav qui nous a menée ici. Alors repos. Et puis quand même, Dès que nous P1020372explorons les premiers coraux aux alentours, les langoustes abondent et ça tombe bien car nous sommes un peu secs côté avitatillement et cash. Nikko en rapporte trois. Si c'est notre régime pendant 10  jours jusqu'à la Havane, on s'en contentera.               

 

30 milles plus loin le lendemain, c'est Cayo Matias. Un must. Coté terre, une fantastique plage de poudre coralienne blanche et déserte, en face,  le reef est à 5mn de dinghy. Mouillés par à peine 1,5 mètres d'eau en fin d'après midi, nous mettons l'annexe à l'eau pour aller l'explorer avec le fusil. Nous finissons par trouver une zone où du beau poisson abonde. Je suis un peu novice en matière de chasse et le fusil de Bernard a surtout été décoratif jusqu'à présent: eaux troubles du Brésil, claires des Antilles mais sans grand chose, P1020383ou claires et poissonneuses mais interdites à la chasse. A Cuba aussi, la chasse est interdite mais seuls à des dizaines de milles à la ronde, qu'importe. J'observe, évite la boucherie en évitant des petites pièces faciles et finit par aligner une sorte de belle Dorade, agile et méfiante. La bête est puissante et je bataille un bon moment pour la fatiguer et la remonter. Vérification faite dans un bouquin, c'est un Pagre, efectivement réputé batailleur. Faute de technique affutée pour achever efficacement la bête une fois plantée, je casse l'extrémité de la flèche en tentant de le maîtriser. 4 bons kilos qui finissent en festin délicieux sur le barbecue de la plage, accompagné de la dernière bouteille de vin et d'un Habana club + Romeo y Julietta en guise de digestif. Juste parfait. A 9h, tout est plié. 30 mn plus tard nous dormons.

 

Le lendemain, retour à la chasse sur une autre partie du récif. Moins de succès car je m'acharne àP1020392 poursuivre un inquiétant Barracuda d'au moins 1 mètre. J'hésite à le tirer car que ferai-je avec ma technique limitée une fois qu'il sera au bout de la flèche en train de me faire face la gueule béante?   En Afrique, ils ont la réputation d'attaquer parfois les chasseurs qui manquent leur coup. J'hésite mais c'est trop tentant. Le Barracuda est curieux. Il s'approche souvent mais toujours à bonne distance. En passant dans un angle mort, je l'aligne un peu loin, limite de portée du fusil  et le plante juste derrière la tête sur le dos. Trop loin, faute de puissance, la flèche ne l'a pas traversé et ses ruades ont vite fait de le dégager. Tant mieux d'ailleurs car je n'aurais probablement pas su le maîtriser.  Et puis je réalise que dans une zone à Ciguatera comme ici, manger du Barracuda est plutôt stupide. Un joli petit mérou et deux langoustes attrapées par Nikko feront l'affaire. Nous P1020403retournons sur la plage au « Campo de la Tortuga », nommé ainsi depuis que j'ai trouvé à proximité un crâne de grosse tortue que nous avons érigé en totem pour marquer notre territoire. Les braises de la veille sont encore brûlantes, le feu repart en quelques secondes. Dernier jour. Nous sommes plutôt d'humeur ballade et restons derrière le reef pour plonger en eaux calmes au  « jardin », que nous avons baptisé ainsi car le corail y est somptueux. Ni Nikko ni moi n'avons jamais été ébloui par un tel foisonnement. Du poisson aussi mais trop petit pour mériter la chasse et pas de langoustes, du moins c'est ce que nous avons cru lors de notre première exploration.....

 

En fait, nous identifions un coin à langoustes, et quelles langoustes!! Nikko en rapporte une superbe de quelques 3 kilos, j'y vais à mon tour et tombe nez à nez sur un monstre. J'avais lu un peu incrédule que certaines peuvent atteindre 1m60 et désormais je le crois. Plus longue que le fusil de Bernard, elle est tellement grosse que faute de trou suffisemment grand pour l'abriter, là où on les débusque généralement, elle se ballade sur le corail telle une araignée géante de film d'horreur de catégorie Z . La langouste est un animal hideux. On s'en rend réellement compte quand elle atteint une telle taille, un bon mètre. Avec ma simple flèche à piquer, je ne fais pas le poids, avec le fusil, peut-être. Je retourne le chercher mais à mon retour, elle a disparu. Comme pour le Barracuda de la veille, c'est peut-être mieux ainsi, d'autrant qu'une demi-heure plus tard, nous en avons ramené 3 autres encore plus imposantes que la première remontée mais à taille humaine tout de même. Retour au « campo de la tortuga ». Une queue de langouste grillée nous suffit amplement chacun. Les deux restantes seront les bienvenues ce soir, froides avec de la mayonnaise maison, pour la nav de nuit jusqu'à l'île de la Juventud.

 

Caleta Puerto Frances, à l'extrémité ouest de l'île de la Juventud, nous accueille à l'aube au terme d'uneP1020409 navigation peu ventée. Un autre voilier au mouillage, le premier depuis 4 jours, nous confirme la zone où mouiller. On prend nos marques dans cette configuration cubaine particulière: soigner les atterissages et approcher sur la pointe de la coque, une personne à la proue pour détecter les patates de corail puis une tâche claire, du sable, où lacher la pioche avec une petite chance qu'elle accroche. La baie est immense, l'eau cristalline. Il fait faim et c'est l'heure d'aller chasser sur le reef. Moins riche que Cayo Matias, deux poissons moyens nous assureront le déjeuner. La plage est immense et se prolonge au nord par une autre baie et nous donne l'occasion de nous dégourdir les jambes. Une lointaine palapa isolée nous fait un moment rêver d'une bière fraîche. Nous sommes à sec de tout. A son approche, des rangées de transats à la mode URSS années 60 jalonnent la plage du nord, vides. Personne. La case se révèle être celle des gardiens du parc national. Ils sont 4, esseulés et tranquillement désoeuvrés, sympas, ne voient manifestement jamais personne et n'ont rien. Au retour, le bateau a un peu chassé. Bizarre car j'avais vérifié l'ancre qui semblait bien plantée dans le sable. Sauf que vérification faîte , la couche de sable de moins de 10 cm recouvre de la caillasse lisse. Comme me le précise le Français du bateau voisin, fort de deux mois dans le pays, Ici et dans la plupart des mouillages similaires, aucune ancre ne peut tenir quand ça souffle un peu. On se contente du poids de la chaine et on surveille.

 

Dernier Cayo du sud Cuba dans la mire à 30 milles: San Felipe. Là encore, c'est un peu compliqué car leP1020399 beau mouillage qui ne nécessite pas de faire des très longs détours par des passes douteuses n'est vaguement protégé que de l'est et du NE. Or, nous avons toujours du sud mais la renverse est prévue le soir. Juste le temps d'y aller et profiter de la renverse. Sauf que la renverse qui se produit effectivement en fin de journée alors que nous nous apprêtons à entrer dans les hauts fonds s'accompagne d'une vilaine ligne de nuages menaçants. Heureusement que la Français m'a décrit en détail le comportement de ces fameux « northers », tant redoutés ici. Le gentil souffle du sud tourne alors NE hésitant pendant que la pluie se met à tomber drue. Je patiente un peu, histoire de voir si il n'y a que ça et je suis servi! En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, le vent monte, 15, 25, 35 et plus de 40 noeuds.... Inutile de penser au mouillage dans ces conditions. Le soleil P1020407se couche deux heures plus tard. Ne reste plus qu'à patienter. A sec de toile à la cape, on se laisse dériver en faisant le gros dos. Ça dure deux heures. J'hésite un peu sur la marche à suivre: Zapper Cayo San Felipe et poursuivre à l'ouest pour attérir ailleurs demain matin. Bof, d'autant qu'après quelques heures, le vent faiblit et je sens venir de la pétole et du moteur. Finalement, nous attendrons avec la trinquette seule pour capeyer confortablement sans trop rouler. Ne reste plus qu'à dormir quelques heures et à remettre la toile vers 5h afin de remonter au près les 15 milles dérivés pendant la nuit. Le mouillage atteint avec le lever du soleil est immense, superbe et désert, sinon cette case en bois munie de panneaux solaire, tout comme celle de Caleta Puerto Frances. Une équipe de 4 cubains s'y relaye chaque semaine. Cette fois-ci, cette une « estacion biologica » dont le personnel veille sur la faune et la flore. Les moyens déployés sont à nouveau très impressionnants: une barque à rame, une baraque en bois nue et vide sinon le poste de TV pour suivre le championnat national de base-ball qui bat son plein. Les  gars sont ravis de nous voir car c'est l'occasion de nous demander un peu d'huile pour la cuisine. Quand plus tard nous les visitons et que je leur offre une bobine de fil de pêche, je deviens un vrai messie et ils se plient en quatre pour partager l'apéritif. Choix unique cependant : eau de noix de coco.  Ces équipes désoeuvrées et pléthoriques seules avec les Iguanes et les oiseaux ont un goût de desert des tartares.

 

P10204147 Avril déjà. Le temps file, trop vite. Et il reste 250 milles techniques jusqu'à la Havane. Je phosphore à la table à carte pour négocier au mieux le passage du cab San Antonio où vent contre courant lèvent une mer souvent méchante puis calculer au mieux une dernière étape intérmédiaire au Cayo Levisa sur la côté nord, qu'on n'atteindra en louvoyant et dont l'approche se négocie impérativement de jour. En fait, ça se passe nickel. Le passage du cap se fait dans des conditions très calmes la première nuit et, passés au nord, le Gulf Stream et l'exploitation des thermiques nous  permettent de tirer des bords très efficaces. La seconde nuit est assez musclée avec 20-25 noeuds de vent au près serré et des bords qui nous font couper le rail des navires commerciaux à multiples reprises. Il y a du trafic et l'attention est vitale pour négocier un passage à ras la moustache de ces gros monstres qui se succèdent. A l'aube, nous entrons dans la passe qui mène au Cayo Levisa. Encore une fois, avec un quillard je serai dedans: certains passages calent moins d'1m 50. Cette fois-ci, nous ne sommes plus seuls. Enfin, au mouillage protégé du sud du cayo, si, mais la plage du nord à laquelle mène un court chemin abrite un petit complexe de bungalows et bar-restaurant. Après plusieurs jours de solitude, Nikko et moi apprécions bien de nous méler aux quelques estivants qui grillent sur leur transat, d'autant que c'est relax, pas trop de monde et dès lors qu'on prend quelques daiquiris au bar, personne ne vient nous refuser la jouissance des installations. Deux jours à flemasser sur la plage pour ne regagner le bateau que le soir. J'en profite d'autant plus que Cayo Levisa est mon tout dernier mouillage tropical. 13 Avril.

 

Encore 60 milles pour la Marina Hemimgway. Nous voici a la Havane... La Marina est commode mais loin du centre. Nikko et moi allons donc abandonner Galapiat quelques jours et migrer vers une casa particular de la Habana Vieja.

 

 

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Commentaires
S
tu remplaces les photos par des dessins ;une vrai bd de corto maltese,mais là,tout est vrai! la mer,<br /> la plage de reve et les langoustes , quand à la<br /> navigation ;chapeau!.... pour la maitrise<br /> tu nous emportes toujours plus loin!!....
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