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Galapiat

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2 mai 2012

Galapiat repart pour de nouvelles aventures

nouanniGalapiat est désormais vendu. 

Bonne chance à Jann qui a pour projet l'Australie d'ici 3 ans

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19 août 2011

Epilogue : Açores - Hyères, terminus

Atterissage en fin de journée du 28/07 aux açores avec GG pour ce dernier segment vers Hyères, nous larguons les amarres le lendemain midi, une fois les courses faites.P1030080

Sur les traces exactes de mon trajet depuis Panama il y a trois ans, les conditions sont assez comparables. Ce millier de milles vers le détroit est une formalité, presque de la routine sans événement notable. Pas de moteur ou presque à part le premier jour pour se dégager des îles et de l'anticyclone puis du travers light medium autour d'une dizaine de noeuds en général sur une mer calme. La carène est toujours propre malgré plus d'un mois sans bouger, le bateau glisse. Quelques réglages de temps à autre, une veille distraite sur l'océan désert, bouquiner. On est peu sollicité et on se sent presque plus passager que navigateur actif. Ne manque que du personnel pour nous servir et l'illusion serait parfaite. Le paysage marin est sans relief, identique chaque jour: couverture nuageuse molle et peu active sans grain qui se dégage dans la journée, mer vide de toute vie aquatique. Pas de dauphins, ni baleine, ni poisson volant, P1030116ni même scène de chasse ou volatiles marins. Dans ces conditions si curieusement uniformes, les jours se succèdent, indifférenciés ou presque, presque identiques, dernière respiration autarcique hors du monde avant de devoir s'y frotter à nouveau.

A l'approche du continent, vers Cabo Sao Vicente, la navigation s'anime un peu sous les alizés portuguais toujours plus soutenus dans ces parages. Un peu plus de 20 noeuds en fin de journée, Galapiat accélère et aligne 160 milles pour ce dernier jour en atlantique. GG et moi prenons le temps de contempler plus que de coutume ce dernier coucher de soleil atlantique, le plus beau d'ailleurs depuis les Açores. Alignés sur le rail qui converge vers le détroit, un peu plus d'attention est désormais nécessaire car une dizaine de navires sont en visuel à tout instant dans un axe est-ouest. On tient plus ou moins sagement notre file, tel l'automobiliste moyen qui participe au chassé croisé estival sur l'autoroute des vacances .

P1030105Le timing est idéal car nous entrons dans le détroit en fin de matinée du huitième jour, le 6 Août. Sans être un soucis, le négocier de nuit priverait surtout du grand spectacle qui s'y produit en continu. Aujourd'hui, les bouquins restent fermés et on profite de l'animation.

Détroit de Gibraltar, troisième.

Si il est bien un lieu symbolique autour duquel ce voyage s'est articulé, c'est bien le détroit de Gibraltar. A chaque passage, mes émotions ont tour à tour exploré les cîmes les plus élevées et les abimes les plus sombres.

Gibraltar 2008 : Sur un Galapiat dans son jus et découvert sur le tas, au terme de 4000 milles d'une longue transat épique et initiatique, Jérôme et moi quittions l'Atlantique, de l'air et des images plein la tête. Encore quelques jours de méditérannée et je retrouvais ma famille avec la perspective de repartir ensemble l'année suivante. Je ne pouvais être plus heureux et excité à l'idée du prochain départ.

Gibraltar 2009 : Après 4 mois de Méditerranée avec femme et enfants, nos marques trouvées, l'Atlantique et au moins deux années devant nous au bout de l'étrave, tout prenait enfin sa place. Quelques dizaines de milles et un aveu sordide plus tard mettaient un termeP1030144 au mirage. Arrivés à Tanger, j'aurais tout donné pour un tour de machine à remonter le temps: revenir 18 mois plus tôt, réaliser alors que ma vie de couple n'était déjà qu'un tas de boue, y mettre fin et annuler d'urgence mon mariage prévu quelques mois plus tard. J'étais démoli. Elle, relax, estimait juste froidement les évolutions possibles de la crise.... Vie à terre soldée, les enfants avec qui je ne pouvais raisonnablement pas naviguer seul sur de longues distances, ce voyage auquel je tenais tant..... J'aurais trop à perdre en la plantant là. Elle le savait et j'avalerais certainement la pilule, aussi indigeste soit elle. Son ticket contrefait pour le voyage lui resterait en poche que ça me plaise ou non. Elle sous-estimait juste le dégout visceral qu'elle m'inspirait désormais et depuis.

Gibraltar 2011 : Tout ça semble déjà loin maintenant. En laissant Tanger puis Ceuta sur tribord, je ne peux m'empêcher de repenser à cette période, ainsi qu'au sinistre pugilat juridique qui a immédiatement fait suite pour avoir le simple droit de recevoir les enfants régulièrement à bord sans elle. Heureusement la justice mérite parfois son nom. Le voyage, enfin net, pouvait réellement commencer. En solo mais très peu en fait, avec mes fistons retrouvés régulièrement, des amis, ma famille ou de très charmantes rencontres imprévues, ce ne sont pas moins de 17 personnes différentes qui se sont succédées à bord pour partager ce voyage. Généreusement servi par les hasards et les circonstances, j'ai ainsi eu le rare privilège de vivre toutes les configurations d'équipage possibles et plusieurs voyages en un seul. Paradoxalement, il n'en est devenu que plus beau et plus intense.Aujourd'hui, dans ce détroit si symbolique, je me sens juste repu de ces deux dernières années inattendues, imprévues mais que je n'aurais difficilement pu imaginer plus riches.P1030096

Temps magnifique, enfin réellement chaud. Poussé par une petite brise, voiles en ciseau, Galapiat se faufile au milieu du trafic intense des navires de commerces, des pêcheurs, des ferrys entre Europe et Afrique. La vie aquatique reprend aussi. Plusieurs orques passent près du bateau et deux d'entre eux nous suivent même à quelques mètres pendant un moment, massifs, puissants et lugubres comme des sous marins en surface.

La tentation d'un arrêt à Tanger ou Tarifa est grande mais la météo prévoit encore deux journées de portant dans la mer d'Alboran. Après, ça tournera est, dans le nez. Il n'y a pas à hésiter car dans cette mer facécieuse, on ne laisse pas passer des conditions favorables. Rocher de Gibraltar dans le sillage, le soleil se couche et un gros thermique fait bondir l'anémomètre d'une dizaine de noeuds à 30 en moins de temps qu'il ne faut pour l'écrire. Pas de doute, on est en méditerranée. La mer reste plate et le speedo s'affole. Nuit tombée, éclairé par une demi-lune, température douce, je savoure mon quart pendant que Galapiat fonce à 9-10 noeuds sans effort. Jouissif. Ok, la fin du voyage n'est plus qu'une question de jours, Ok, j'ai décidé sans regret de rentrer. J'ai eu mon compte et il est temps de tourner la page, promis, juré, craché, mais à cet instant précis, je n'ai qu'une envie, que ces conditions durent des jours et me propulsent fissa jusqu'à Suez, puis la mer rouge, puis l'Indien, puis, puis....

Le 8 Août, le vent n'est pP1030127lus qu'un souvenir et nous virons Cabo de Gata au moteur. La renverse prévue survient quelques heures plus tard, soutenue, plus de 20 noeuds dans le nez. Un ris puis deux et yankee, nous serrons le vent au plus près, pas mécontents de de quitter la Mer d'Alboran à si bon compte où ça cartonne nettement plus rude. Bords sur bords laborieux, à se rapprocher de la côte espagnole puis s'en éloigner. Seulement 70 milles de route utile le 9 Août, 12 heures pour passer ce satané Cap de Palos. On a plus que le temps « d'admirer » Cartagène, puis Alicante. Comme toujours en méditérannée, faire de la route sans escale est un art à peu près aussi délicat que de passer entre des gouttes de pluie. Après le vent dans le nez sur le sud-est Espagne, la météo indique que le nord Baléares subit 35 noeuds, toujours dans le nez bien sûr. Je décide de faire escale à Ibiza en attendant que le coup de vent se tasse.

Nous mouillons à Cala Tarida, à l'ouest d'Ibiza le 10 au matin au terme d'un peu moins de 12 jours depuis notre départ des Açores. Vu que GG et moi avions choisi de faire des courP1030138ses alcool-free, histoire de changer, la première bière ainsi que les quelques suivantes sont grandement appréciées. Si j'adore les Baléares pour la multitude et la grande diversité de ses beaux mouillages dont de nombreux restent peu fréquentés même en haute saison, celui là n'est pas le plus séduisant: Un village balnéaire en béton, probablement vide pendant 10 mois de l'année, plein à craquer tout comme la plage en ce moment. Une fourmilière estivale est toujours un choc après plus d'une semaine de solitude. Mais pour une journée, c'est plutôt amusant, d'autant que la concentration importante de jolis petits lots dénudés au mètre carré n'est pas déplaisante à regarder.

De l'art de passer entre les gouttes toujours. Le coup de vent s'est tassé mais ça va à nouveau chauffer dans le golfe du Lion à partir du 15. Mieux vaut éviter de s'y trouver alors. Il ne reste qu'un peu plus de 300 milles jusqu'à Hyères. Nous quittons donc Ibiza moins de 24 heures après notre arrivée. L'essentiel du trajet se déroule au moteur sur un lac, dans une pétole consternante. Nous mouillons devant Hyères le 14 et laissons le bateau à l'ancre jusqu'au 17 matin où j'ai rendez-vous au Gapeau pour le lever et le mettre à sec. Terminus. Fin du voyage.

Galapiat au sec, ne me reste plus qu'à le vider de mes affaires, le nettoyer et le vendre. Fidèle canot qui m'aura porté pendant quelques 26 000 milles soit l'équivallent distance d'un tour du monde. Autonome, sécurisant dans toutes conditions, vélP1030172oce et capable de passer dans les coins les plus improbables une fois ses appendices relevés, il aura en plus eu le bon goût de m'épargner les avaries plus ou moins graves et immobilisantes qui émaillent nombre de conversations de marins. Galapiat fut une bonne pioche, le bateau idéal pour moi. Il m'a suffisement donné confiance pour aborder relax de longs passages hauturiers en partant du jour au lendemain, il m'a aussi incité à m'écarter sans crainte des autoroutes habituelles et rassurantes de la grande plaisance, notament en Afrique, au Brésil ou à Cuba.

Bien-sûr, j'appréhende le retour à la vie « normale ». Pour l'instant, je ne m'en rends pas bien compte, encore trop frais mais d'ici quelques semaines, ce sera sans doute plus délicat. Les copains rencontrés en route et rentrés avant moi me l'ont tous relaté: Le blues du retour est un passage obligé et inévitable et ce, quelles que soient les circonstances; que l'on revienne accompagné et retrouve maison, boulot, relations là où on les a laissés ou qu'au contraire, comme dans mon cas, rien ni personne ou presque ne vous attend. On dit qu'un grand voyage réussi tient à la qualité de sa préparation, à sa pleine réalisation et à l'anticipation des conditions de son retour. Je dois admettre que j'ai assez délibérément ignoré la dernière phase. Mais les pages blanches ont leur mérite: Il faut reconstruire en cohéreP1030166nce avec ce que l'on est devenu plutôt que de reprendre des habitudes qui ne vous correspondent plus nécessairement. On verra bien.....

La bougeotte me reprendra sans doute un jour car c'est une drogue licite mais dure : on s'en sort difficilement, on n'en guérit jamais vraiment et on y retombe très facilement mais dans l'immédiat, il me faut inventer et mettre en place ma vie de terrien. Partant de ground zero, j'ai de quoi m'occuper mais c'est une autre histoire qui n'a plus grand rapport avec ce blog. Voici donc le moment venu d'y mettre un point final.

 

26 juillet 2011

Faux retour

P1040439Une semaine à Paris avant de récupérer les fistons puis un mois dans le sud avec eux, exclusivement sur la terre ferme, camps de base "Mammy Christine".

Le temps de se faire ficher dans quelques administrations, revoir quelques amis mais finalement assez peu, lancer quelques lignes pour la suite et laisser décanter en essayant de ne pas trop penser à vide, inutilement. 

Vacances classiques avec mes enfants sinon. Leur intensité energétique et leur curiosité croissent et embellissent: Taper dans un ballon, courir, nager, marcher avec l'âne Aioli quelques jours dans les Cevennes. Répondre à leurs interrogations aussi, de plus en plus nombreuses et fines, imaginer ensemble comment on vivra ensemble "après". 

Je ne me sens pas revenu complètement. Paradoxalement, ma vie de marin voyageur me parait déjà très loin.

Je suis particulièrement étonné par les questions et projections qu'on meP1040410 renvoit. J'ai bien quelques anecdotes à raconter mais quant à en tirer un quelconque enseignement, dire ce que j'ai préféré et autre généralités... je crains d'être un peu sec.

C'est étrange de constater le nombre de fantasmes que génère, chez ceux dont l'existence est plus linéaire, tout changement de vie radical, transitoire ou non...

Le cycle se termine, un autre y succédera même si ses contours restent encore flous, voilà tout.      

Ultime piqure de rappel quand même. Dans deux jours, je retourne aux Açores pour le dernier segment vers la France. Comme d'habitude, nous seront peu nombreux à bord pour ce baroud d'honneur: GG et moi. Un équipier de choix pour clôturer le cycle car c'est principalement lui qui m'a innoculé le virus de la bourlingue nautique voici 15 ans.

18 juin 2011

Horta: dernier carrefour de la vadrouille

 

P1030056Horta est LE grand carrefour des voiliers du large en zone Atlantique. Il y aussi les Canaries mais Horta a plus de caractère. L'île de Faial est ainsi plus visitée par des voiliers au long court que par avion et surtout, c’est pour la plupart des bateaux qui rentrent en Europe, la fin du périple. Les bizuths sont devenus expérimentés, les rêves d’escales sont devenus souvenirs et sujet de conversation. Plus qu’ailleurs, la communauté des marins se reconnait, se retrouve et profite de ce dernier rendez-vous entre pairs.

Sans surprise, je retrouve de nombreux collègues croisés tantôt.  Et puis les rencontres sont inévitables, même pour les plus misanthropes des marins, ne serait-ce que parce que, dans le mythique bassin nord, l’affluence de la saison nécessite de se mettre à couple sur plusieurs rangées, deP1030057 voir passer les équipages voisins sur le pont de son bateau pour se rendre à quai. Quant à se dégager de ce bordel, à moins d’être le dernier, mieux vaut prévenir bien à l’avance et être créatif pour la manœuvre, toujours intéressante à regarder et à aider, moins quand vient son tour.

Entre bricoles plus ou moins lourdes qui occupent la plupart et les multiples rendez-vous donnés aux copains, le risque principal à Horta est de ne pas s’éloigner d’un périmètre compris entre le port et le Peter’s Cafe sport. Je n’échappe qu’à peine à la règle : Une ballade par beau temps pour la Cala do Inferno mais guère plus. Bernard est plus courageux en se rendant à Pico. Je me donne de bonnes excuses : La couture m’a pris une journée, j’ai déjà fait le tour de l’île en 2008 avec Jérôme et puis surtout, le temps est bouché et motive peu aux activités touristiques.

Après tout, le temps de prendre son temps est aussi le privilège et le luxe du grand voyage. J’en goûte les derniers instants en bonne compagnie, dans les restaus, les cafés enfin redevenus très abordables, sur un bateau ou un autre pour un apéro, une fête ou une ventrée de P1030061thon rouge acheté sur le quai à un pêcheur, me régale de cette diversité cosmopolite de toute nationalité, tous âges, toute situation, des jeunes bombasses norvégiennes qui allument à tout va, à « bout de bois », vénérable dinosaure marin qui navigue à la dure sur le côtre aurique construit de ses mains 20 ans plus tôt. Invraisemblable diversité humaine rassemblée pour quelques jours qui a en commun de faire un pied de nez plus ou moins durable à la « vie normale ».

Le 9 Juin, nous quittons Horta pour l’île de Terceira, à 80 milles de là. Bernard reprend son avion le 11 et quitte définitivement le bord pour retrouver sa famille et se réinstaller en Europe. Depuis Paraty, au Brésil, où il m’a rejoint l’été précédent, nous aurons passé plus de 6 mois cumulés ensemble. Nous  savions tous deux que l’expérience pourrait être délicate parfois mais, au final, nos caractères très différents et les nombreux moments de respiration que nous avons aménagés en cours de route ont permis de faire mentir l’adage qui veut que « la meilleure façon de perdre un ami est de naviguer durablement avec lui ». Excellente expérience pour tous deux donc sans aucune ombre notable.

Je reste encore quelques jours à Terceira, le temps de quelques bricoles, P1020741rangement et nettoyage du bateau avant mon vol pour Paris le 16. Je rentre en France pour un gros mois avec mes fistons. Retour aux Açores fin Juillet et puis ce sera le dernier run vers la France en Août.  Protégée, surveillée, à 10 mn de l’aéroport international  et surtout,  à moins de 7 euros  la nuit, ce qui en fait probablement une des moins chère de tout l’Atlantique, la Marina de Praia Da Vitoria est l’endroit idéal pour stationner le bateau. Le temps est toujours moche, à peine si je retourne lambiner une journée à Angra Do Heroismo, le chef lieu de Terceira classé au patrimoine de L’Unesco et puis à mon tour d’embarquer pour Paris, l’esprit au neutre.   

3 juin 2011

Transat Bermudes - Açores

P1020916Notre timing était juste parfait. Arrivés aux Bermudes le 14 avril, Guillaume a pu prendre un avion le lendemain pour New York. A peine retardé par DSK, intercepté dans l'avion par la police américaine, il a pu honorer son rendez-vous du lundi à Paris. Bernard et moi nous retrouvons donc à deux, comme d'habitude le plus souvent depuis presque un an. Repos bien-sûr, comme toujours après quelques jours de mer, un peu de bricole, en l'occurence coutures et envoyer la GV chez ocean sails pour révision, administratif divers en souffrance et puis en profiter. Rien que de très classique.

Les très british Bermudes constituent une transition parfaite entre tropiques et Europe. Quand il y fait gris et frais, qu'on se couvre, on se croirait dans une anglo-normande, genre Jersey. Lorsque le vent se calme, que le ciel se découvre et que les fonds deviennent émeraude sous le soleil, l'union Jack paraît nettement moins à sa place. St Georges, notre mouillage et port d'entrée, est le coeur historique des P1020935Bermudes, les deux autres villes de l'île ont chacun leur caractère bien trempé. Dockyard est un ancien complexe militaire fortifié et austère du temps où les britanniques esseulés défendaient leur île contre espagnols, français et américains. Quant à Hamilton, la capitale, c'est une vraie ville active, centre des services financiers offshore qui font la richesse de l'île. Tout comme aux Bahamas, en version plus éveilles, les habitants sont charmants et liant, à vous saluer systématiquement.

La plupart des yachts qui mouillent à St Georges sont assez impressionants: maxis, Swan ou Oyster rutilants convoyés par des équipages pros vers les US ou vers l'Europe pour des propriétaires fortunés. Les vagabonds des mers sont ici très minoritaires et les 47 pieds de Galapiat paraissent minuscules en comparaison des voisins. Parfois quelques olibrius très british sur une coquille de noix constituent l'exception. Ceci dit, à part quelques snobs, l'ambiance du « white horse » le soir est détendue. On y fait facilement connaissance et sinon, il y a toujours la possibilité de P1020883s'encanailler au yacht club, nettement moins classe et presque exclusivement fréquenté par des locaux.

La météo est bizarre mais on ne tergiverse pas trop: La GV et prête le 19 au matin et une fois remise en place, courses faites, nous levons l'ancre par un agréable 10-12 noeuds au près, en compagnie de quelques autres voiliers avec lesquels on se tire la bourre jusqu'au soir. C'est donc reparti pour une quinzaine de mer et 1700 milles en route directe, significativement plus si on opte pour une route nord, normalement plus ventée et rapide.

Les trois premiers jours sont parfaits. Sur le cap, on se chauffe au près avec 140 milles le premier jour, on prend ses aises de travers le second avec 160 et on s'éclate au débridé à 190 le troisième. Je me prend à rêver d'une transat simple et rapide mais quand je prends la météo le matin du quatrième jour, il est clair que la belle vie tire à sa P1020944fin. Deux depressions, deux anticyclones, nous au milieu. Le ciel a d'ailleurs déjà bien changé. La ligne de grain progresse derrière nous, on va se la prendre et ensuite, ce sera merdique. Accélération, 30 noeuds, averses drues. Pas trop méchant, ça passe en quelques heures. On traîne toujours une ligne mais je ne crois plus guère à la pêche au nord du tropique du Cancer. Ça tape une fois mais c'est un gros marlin, pas content, que Bernard a vu sauter dans notre sillage, et qui a tout cassé. Hors catégorie celui-là. Au loin, de grosses bêtes sautent, baleines ou orques. Plus tard des ailerons noirs, effilés et hauts se profilent: des orques. Je ne tiens pas à les voir s'approcher car si seaworld, « sauver willy » et les peluches pour enfants, ont popularisé ces bestiaux, en réalité, ce sont de sales bêtes, violentes et aggressives, capables de couler un voilier si la couleur de l'antifouling ne leur revient pas. Ils se rapprochent mais passent dans notre sillage.

Nous rattrapons un voilier. On discute un peu à la VHF. Il est parti un jour avant nous et on lui a donc mis une journée P1020972dans la vue en quatre jours. C'est stupide mais ça me fait plaisir. Sans surprise, la pétole succède aux grains, et nous lançons le moteur pour la première fois depuis le départ pour une dizaine d'heure. Avant que le vent ne reprenne, sud-est. Nous revoici au près pour un bon moment, cette fois-ci dans la zone d'influence de l'Anticyclone des Açores. Ce fameux système mentionné presque chaque soir à la TV par madame météo est le poumon de l'atlantique nord. C'est lui, au nord, qui en fonction de sa position et de son développement, permettra de bloquer les dépressions afin qu'il fasse beau à Paris. C'est également lui, au sud, qui génère les alizés exploités pour la plus classique des transats entre Afrique et Antilles. Un monsieur important donc, à surveiller attentivement. Si la transat des alizés est assez basique en terme de navigation, tout droit vers les antilles en gros, le retour vers l'Europe est nettement plus intéressante. En fonction de l'emplacement de l'Anticyclone et des dépressions du nord, on peut en effet opter pour différentes options plus ou moins radicales. La tactique habituelle pour aller vite à la voile consiste à monter bien haut en latitude, plus haut que les îles au 38 ème, passer au nord du système et bénéficier des vents d'ouest, avec en bonus quelques coups de vents. C'est la route que nous avions suivi avec Jim et Jérôme en 2008 au retour du Panama. C'était frais, humide mais diablement efficace.

Cette année malheureusement, l'anticyclone n'est pas à sa place habituelle, si « habituelle » veut encore dire quelques choses vu que les grands flux saisonniers obsérvés depuis des siècles tendent de plus en plus à devenir errratiques ces dernières années. Il est nettement trop au nord. Pour espérer toucher du vent portant, il faudrait monter au delà du 45 eme puis redescendre ensuite. Un détour d'au moins 500 milles au rendement douteux. A part ça, au sud du système, le vent est dans le nez et tout droit, c'est une longue zone sans vent. Alors quoi?

Dans l'immédiat, on continue ainsi, au plus près du vent, nord-est, à faire de la route utile tout en gagnant au nord bien que nous ayons déjà déjà dépasP1020952sé la latitude des Açores. Avec une douzaine de noeuds au près sur une mer décidément bien calme depuis le départ, c'est une vraie croisière pour pépé. Le bateau file comfortablement ses 140 – 150 milles par jour. C'est tellement tranquille sur un océan peu fréquenté que celui qui est de quart la nuit passe plus de temps à bouquiner à l'intérieur qu'à veiller au bateau. Un 360° visuel à l'extérieur toutes les demi-heures au cas où, et puis retour au chaud. La journée, on bulle, lit beaucoup. Le frais est arrivé à son terme et notre inspiration culinaire commence à trouver ses limites. Mon innovation majeure de ces derniers temps: banane plantain-chorizo, initiée entre Cuba et les Bahamas, ne trouve même pas grâce aux yeux de Bernard. Sans pêche, la monotonie alimentaire nous guette. Le flux est régulier, le bateau marche tout seul et ne nécessite pas de bricole particulière. Bernard s'entraîne au flipper sur son PC et m'a lancé un défi. Les parties font rage En bref, on n'est pas vraiment débordés même si le près gité use quand même un peu à force.

P1020990Nous prenons la météo tous les deux jours mais la situation actuelle semble durablemnt installée. Le baromètre grimpe en flèche à mesure que nous nous rapprochons du centre des hautes pressions et le vent faiblit irrémédiablement. La nuit du neuvième jour, après avoir exploité le dernier souffle, pas d'autre choix que de relancer le moteur. Je suis un peu soucieux car il reste plus de 600 milles à faire d'ici Horta et vu la prix prohibitif du carburant aux Bermudes, mes estimations soit-disant savantes du départ, et la flemme d'aller à la pompe, j'ai fait l'impasse sur le plein de gas-oil. J'en ai encore 250 litres mais quand on a un tank de 600, c'est un peu la honte de se poser des questions d'autonomie pour arriver à destination au cas où le calme persisterait. Pendant les quatre jours suivants, nous alternons entre un peu de moteur et la voile dès que le vent faible, jamais plus de 10 noeuds, permet de les porter. Le score du flipper monte de jour en jour. Après avoir un temps été écrasé par les 7 millions de Bernard, je viens de friser les 9 à l'issue d'une partie magnifique et espère bien être désormais hors de portée d'ici les Açores, d'autant que avec le retour bienvenu de la brise au près, nos parties devraient s'espacer.P1020979

Cette partie de l'Atlantique est décidément peuplée de grosses bêtes. Pourtant, entre les températures frisquettes, la lecture et le flipper, nous ne sommes pas ultra attentifs. Le 28, deux Orques à 50 mètres du bateau; le lendemain, par calme plat, un cachalot saute par deux fois à quelques centaines de mètres. Nous le repèrons à son souffle et nous déroutons pour nous en rapprocher. Il est assez modeste, la taille du bateau quand même. Pas curieux, ni joueur – Les cachalots sont connus pour être nettement moins fréquentables que les baleines - après quelques minutes bord à bord, il disparaît. Nous le revoyons un peu plus loin, le rejoignons à nouveau avant qu'il ne sonde. Il fait un temps superbe. Pour la première fois depuis le départ, nous avons quitté pantalons et polaires pour shorts et tee-shirts, torse-nu même pendant les heures les plus chaudes. C'est devenu rare depuis les Bahamas. Je suis surpris par la couleur de ma peau et de celle de Bernard: On est presque redevenus des blancs becs.

P1020994Monter en latitude et progresser vers l'est dans l'hémisphère nord à l'approche du solstice d'été rallonge doublement les jours. A horaire constant, on ne s'en aperçoit pas trop le soir car l'augmentation des heures diurnes gagnées en latitude compense à peu près la perte au fur à mesure que l'on avance vers l'est. En heure « bateau », le soleil se couche toujours vers 20 heures mais se lève chaque matin nettement plus tôt que la veille. Nous rajoutons une heure à l'horloge du bord à mi-route puis, à 300 milles des îles environ, quand le soleil s'acharne à vouloir se lever vers 4 heures, deux heures de plus d'un coup pour nous aligner sur le fuseau des Açores. Après deux ans passés à proximité de l'équateur, où les journées durent 12 heures environ tout au long de l'année, je me réhabitue aux longues soirées d'été en zone tempérée. Les couchers de soleil sont également très différents, nettement plus prolongés que sous les tropiques où la nuit survient brutalement. Cette transat me donne un peu le sentiment de vivre le passage des saisons en rythme accéléré, sur une dizaine de jours plutôt qu'en plusieurs mois.

D'un point de vue strictement technique, les heures de soleil supplémentaires sont les bienvenues: une des batteries de service qui donnait des signes de fatigue depuis les Antilles est définitivement dans le sac. Avec une capacité réduite à 200 Amp, lorsque le ciel est gris, que les panneaux chargent peu et que le vent est trop fort pour faire tourner l'éolienne, le jus devient limite la nuit sous voile au bout de quelque jours. Je ne maintiens plus que le pilote, les feux de navs et le GPS. PC et éclairage du bord sont désormais prohibés.

D'après les prévisions, à l'approche des îles, l'anticyclone perd en vigueur Effectivement, le 31, le vent reprend, orienté sud avec tendance à passer progressivement sud-est au fur et à mesure de l'arrivée d'une dépression. Nous sommes quasiment au 42ème N, soit plus de 200 milles au nord de Horta et Il est plus que temps de filer au plus sud si on veut éviter de tirer des bords sur la fin. Retour au près serré donc à gratter quelques degrès de marge en espérant ne pas s'y être pris trop tard. Après 10 jours de mer dans des conditions clémentes pour troisième âge, il faut se réhabituer à un peu d'action. Brise d'une vingtaine de noeuds au près serré, on roule le génois et envoie trinquette et yankee pour gagner en cap et vitesse. La mer reste étonamment peu formée, même si ça mouille et secoue un peu dans un gros clapot, l'ensemble reste assez comfortable. CP1030030e segment à cette période est décidément bien différent de 2008. La moindre coquille de noix menée par un equipage de bizuths ne s'y trouvera jamais en difficulté.

Dans l'après-midi du 2 Juin, à pourtant encore 45 milles de Faial, on devine les îles aux nuages qui s'y accrochent, puis le sommet de Pico, à 2300 mètres d'altitude apparaît au loin. Galapiat trace dur mais un rapide calcul ne laisse guère espérer être amarrés avant 2 heure du matin, trop tard pour aller prendre une bière chez Peter. L'arrivée de nuit est superbe, lumières de l'île que l'on longe par son sud, la masse sombre de la lugubre Caldeira do Inferno à l'extremité sud-est, juste avant le canal entre Faila et Pico et le port de Horta. Oh, oh, plusieurs bateaux au mouillage laissent présager une marina plus que pleine. Effectivement, à l'approche du quai des douanes, les voiliers se succèdent les uns derrière les autres, à couple sur 3 à 4 rangées. On s'y rajoute sans trop se poser de question. C'est une bonne position car dernier arrivé, premier parti. Je suis un des premiers à faire les papiers d'entrée à l'ouverture des bureaux le matin et on me déniche une place dans le port plus qu'encombré, à nouveau à couple sur plusieurs rangées. Content de revenir à Horta à l'issue de ces 14 jours de mer, presque trois ans jour pour jour après mon premier passage.

 

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13 mai 2011

Ça sent déjà l'Europe

Nous quittons la Havane le 27 avril avec de l'est soutenu, conditions habituelles depuis mon arrivée à la marina c0Hemingway. Heureusement, un peu de sud dans l'est nous permet de gagner vers le détroit de Floride avec l'espoir de ne pas avoir à louvoyer. Le Gulf Steam qui chemine entre Cuba et les US dans notre direction nous y aide grandement. A peine partis, c'est 2 à 3 noeuds qu'il rajoute à notre vitesse mer. Un vrai tapis roulant. 20-25 noeuds au près serré avec deux ris et génois réduit, nous pourrions toiler un peu plus mais privilégions une première nuit plus confortable que sportive. 6 à 7 noeud au speedo, presque 10 au GPS suffisent amplement. En fin de nuit, les phares de Key West apparaissent. Le vent adonne régulièrement jusqu'à nous positionner sur le bon angle pour entrer dans le détroit de Floride sans avoir à tirer de bord. Au plus près, nous passons à moins de 4 milles des keys avant que la côte ne s'incurve vers le nord et nous permette de reprendre le large. Route directe, rapide et idéale donc.

d2Lorsque le jour se lève, le vent est tombé et se résume à quelques 6 noeuds. Galapiat glisse lentement dans le détroit de Floride sur un lac, protégé par les Bahamas à l'est, la Floride à l'ouest. Les voiles portent à peine, le bateau se traîne tellement que nous pouvons nous rafraichir sous voile tirés par un bout attaché à l'arrière. Le courant pousse toujours fort et maintient une vitesse fond de 5 noeuds. 24 heures après notre départ, nous avons tout de même parcouru 200 milles et sommes pile en face de Miami. Un joli thon célèbre cette première jouneée parfaite et nous assure au moins deux festins. Peu d'air pour cette seconde journée mais assez pour rester sous voile. Le détroit de Floride est très fréquenté par des bateaux de commerce sur la même ligne nord-sud que la nôtre ou par des bateaux de plaisance à moteur qui nous croisent à la perpendiculaire en transit entre la Floride et la Bahamas pour le week-end. Idem dans le ciel: avions de d3tourisme ou coast guards américains qui nous survolent avec insistance. Ils ont probablement tenté d'établir un contact radio mais je laisse la VHF éteinte. Après nos démélés longs, couteux et inutiles avec leur représentation de la Havane, je n'ai aucune intention de coopérer et de m'identifier.

La grande discussion du bord tourne autour des Bahamas. Stop ou pas stop? Bernard est très motivé, Guillaume pas mal aussi, moi, nettement moins. Pas de carte détaillée, pas d'instructions nautiques à part un vieux guide du bord de 1994 sur Grand Abaco. Le cruising permit à 300 USD pour n'y rester que quelques jours ainsi que la crainte de me retrouver au beau milieu d'une foule de caincains ne m'attirent guère. Ceci étant, les photos du guide sont alléchantes, Grand Abaco est bien située sur notre route et la météo pour la suite du trajet vers les Bermudes est mauvaise, vent fort et durablement dans le nez. Alors ok pour Abaco et cap plein est une fois sorti du détroit de Floride. Troisième et dernière nuit, le ciel se bouche, tonne et s'éclaire au nord comme au sud. On va y avoir d5droit. En mer, je ne crains pas grand chose sauf l'orage. On ne peut rien y faire sinon subir. Etre foudroyé tient de la loterie et, au delà du risque physique, signifie à coup sûr la destruction de toute l'electronique et des circuits électriques. Ça y est, on est dedans. Je coupe l'alimentation générale même si ça ne sert pas à grand chose, amarre la barre. On se réfugie à l'intérieur et on patiente. Bourrasque, averse serrée, la foudre passera à moins de 600 mètres de nous mais le gros du système s'éloigne au bout d'une heure. Plus d'air du tout ensuite. Moteur donc. En fin de matinée, nous prenons prudemment une passe nette qui coupe le reef d'Abaco et mène au canal entre Grand Abaco et ses Cayes. Entre 1 et 5 mètres d'eau partout. L'eau est cristalline, les plages immaculées et désertes. A ma grande surprise, les bateaux sont peu nombreux. Quant à Green Turtle Cay, port d'entrée et « popular stop » selon le guide nautique, on ne peut guère imaginer plus calme. Le village de 400 habitants semble endormi. Ses pimpantes maisons en bois sont silencieuses, et la rare circulation est le fait de golfettes electriques tout aussi furtives. Les rares autochtones croisés sont souriants et ne manquent jamais de nous saluer par un « howareudoing ». Tout est propret et assez irréel.

Les deux premiers jours, nous privilégions les cayes au nord de green Turtle, non habités et les moins fréquentés par les voiliers. Jamais plus de cinq dans chaque vaste mouillage. Sympas en plus. Un couple de suisse écrase le précédent record de « marinisation » croisé tantôt: 29 ans qu'ils naviguent! Ils ont tourné la planète d6dans tous les sens possibles, sont une mine d'information mais réfrènent quelque peu nos habitudes de baignades en nous signalant que les eaux pullulent de requins, pas aggressifs soit-disant, mais quand même. Plages et eaux sont paradisiaques et ça mort dans le canal: superbe barracuda pour trois mais quel dilemme dans cette zone à ciguatera. Le manger ou pas? La tentation est d'autant plus grande avec cette plage déserte, invitation au barbecue. Nous interrogeons un américain. Son guide indique qu'en deça de 5 pounds, on peut tenter. Serviable, il nous amène même sa balance sur le bateau afin que nous puissions vérifier. Nous prenons le risque, nous régalons et si le lendemain matin, Guillaume se demande si son mal de cheveux est le premier symptôme de la gratte. On finit par convenir que le problème vient plus probablement de la dernière survivante de Havana Club qui s'est heroiquement éteinte avec le poisson de la veille. Du coup, le barracuda suivant du lendemain finira également dans nos assiettes sans que nous ne nous posions plus trop de questions.

d7La navigation dans le canal avec un dériveur est finalement assez simple, surtout après Cuba. Il y a peu d'eau mais le guide donne des waypoints précis, les passages délicats sont souvent balisés et si on touche, ce n'est que du sable. On ne fait même pas attention au marnage assez limité ici, sauf quand l'entrée du lagon de Hope Town à marée basse se révèle être plus que limite. Lorsque le sondeur indique un mètre avant de décrocher complètement dans le chenal et que je m'attends à m'échouer, je me promets de regarder la marée à la sortie. Ça passe. Au pire on aurait bloqué les entrées et sorties de la navette pendant quelques heures en attendant que l'eau remonte. Les Cayes du sud sont plus fréquentées et habitées mais les villages, aussi jolis soient ils, sont toujours plongés dans un coma profond. Quelques américains promènent leur 80 ans et 100 kilos minimum sur leur golfette, un verre de soda light à la main. Trouver le seul bar ouvert pour une mousse et un billard en fin de journée tient du jeu de piste, surtout à Man-O-War, en territoire mormon qui proscrit évidemment toute boisson alcoolisée. Très tranquille, trop même mais pour une semaine, c'est parfait d'autant qu'en matière d'animation, le numéro de duettiste entre Guillaume et Bernard est parfaitement rodé et m'assure du grand spectacle en permanence.

Une fenêtre météo semble enfin s'ouvrir pour le 7 mai. Il était temps car Guillaume doit être rentré en France le 16 et tient d8si possible à faire la traversée vers les Bermudes. Pas beaucoup de marge mais ça doit passer et ce départ tardif me donne en plus la chance de pouvoir skyper Thao pour son anniversaire avant de lever l'ancre. Nous quittons les Bahamas avec peu d'air, juste assez pour envoyer la toile après quelques heures. Les 48 premières heures sont molles et douces. Le vent commence à s'établir un peu et au fur et à mesure que nous progressons vers le nord-est, les températures de l'eau comme de l'air fraichissent nettement. Nous quittons les tropiques pour de bon cette fois-ci.

Le troisième jour, nous accrochons enfin la depression derrière laquelle nous courrons depuis le départ. Le vent dépasse enfin 10 noeuds, Galapiat accélère. En fin de journée, l'anémomètre affiche plus de 20 noeuds et n'en redescendra plus avant l'arrivée aux Bermudes. La traversée s'anime. Un ris, puis deux. L'océan blanchit et la belle grosse houle caractéristique de l'Atlantique nord enfle.

d9Au travers, lancés à 6 -7 noeuds, nous naviguons comme sur des collines. Nous sommes secoués. Bernard, pas encore habitué à ces conditions atlantique nord me demande circonspect « c'était comme ça au retour de Panama? ». Oui et bien plus fort souvent d'ailleurs mais la grande amplitude des vagues fait que le bateau tape moins que dans des mers plus serrées. Rien de traitre, juste un peu impressionant au départ. Le quatrième jour, nous ne quittons plus guère cirés, polaires et bottes. Les vagues un peu moins régulières que les autres éclatent parfois contre le franc bord au vent et noient pont et cockpit. C'est très vivant et le bateau se comporte très sainement. Le ciel a perdu ses couleurs tropicales au profit d'un bleu délavé de type «Europe tempérée ». Depaysant après presque deux ans entre tropique du Cancer et du Capricorne. Le cinquième jour, le vent frise avec les 30 noeuds établis.

Troisième et dernier ris pour rester confort et surtout pour encaisser D1les surventes des grains très fréquents que nous traversons et qui poussent parfois jusqu'à à 40 noeuds. Le rythme du bord s'est adapté aux conditions. Fini la glande et les orgies de lecture. Celui qui est à la veille manoeuvre et prend souvent la barre pour abattre et encaisser les grains et les surventes. Les autres séchent leur cirés et piquent un somme. On continue néanmoins à se préparer d'excellents repas midi et soir et à tenir le bateau propre et ordonné. Une femme à bord serait peut être outrée de nos rots trop fréquents mais reconnaitrait la qualité et la diversité de la cuisine du bord, en particulier dans des conditions aussi acrobatiques. Vers 3 heures du matin le dernier jour, j'aperçois le phare Gibbs à l'horizon. Les conditions se sont un peu calmées et lorsque je laisse Guillaume prendre son quart, l'océan est moins gondolé, nettement plus fréquentable. Dernier run jusqu'à la passe de Town cut. On a laché un ris et déroulé du génois pour le plaisir. Galapiat avale la dernière vingtaine de milles entre 7 et 8 noeuds. Le soleil naissant filtre comme un signe divin à travers les grains menaçants. Somptueux. Guillaume a pris la barre et savoure sa dernière matinée royale sur le bateau tandis que je réponds aux D4très précises questions de Bermuda Harbour Radio: détails et identification de l'équipement de sécurité, accroche de Galapiat sur leur radar, nouveau rendez-vous au sud de la spit Buoy à l'entrée du chenal. Très pro et très clair. Nous serrons le vent au maximum et ne lançons le moteur qu'à l'entrée du chenal. On affale. Oh, oh, quelques coutures zig zag ont sauté. Une révision de la GV s'impose, surtout avant les quelques 2000 milles probablement musclés qui nous attendent pour les Açores. Formalités rapides et très courtoises. Ultra british ces Bermudes. Couleurs encore tropicales mais il fait frais même à terre. Quant à la température de l'eau, elle est passée de 27° aux Bahamas il y a 6 jours à 20° ici et maintenant.

On est presque en Europe déjà....

 

26 avril 2011

Hemingway avait un goût très sûr.

P1020662Si j'ai fait le GO des flots en planifiant les étapes de notre côtière entre Cienfuegos et la Havane, Nikko a brillament repris le flambeau pour organiser notre vie de terriens en capitale cubaine. Le lendemain de notre arrivée, il a retenu un almendron, vieille américaine fatiguée faisant office de taxi collectif bon marché et une casa particular au centre de la Habana Vieja. La casa de Eldo est un excellent choix. Ledit Eldo est un cubain très vert d'à peine soixante dix ans qui entretient sa santé au Cohiba Robusto et ne fait pas de chichis. Notre nid d'aigle se trouve sur le toit de son immeuble. Un peu déglinguée et poussièreuse, la chambre est cependant joliement arrangée de plantes, babioles et nous plait immédiatement en particulier pour sa terrasse panoramique privative qui domine la ville. L'emplacement est simplement idéal: Calle Obispo, soit la rue la plus animée du centre historique.

 

La vieille Havane est assez étendue mais la zone la plus couramment parcourue par le touriste « qui veut en faire un max en un minimum de temps » peut se visiter en une grosse journée. Ni Nikko ni moi n'avons envie de courir musées et autres must-see à haute densité historique, exception faite du Floridita, lieu de naissance du Daiquiri, où Hemingway passait une bonne partie de ses nuits. Vérification faite, leur Daiquiri est effectivement le meilleur de tous. On se perd au hasard des rues, plazza. Pas bien compliqué de se repérer d'autant que si les rénovations ont dû représenter un chantier P1020483titanesque, un peu comme dans le Pelourinho de Salvador de Bahia, dès qu'on s'en éloigne un peu, les bâtiments croulent. A la différence d'autres villes muséifiées et désertées par la vie quotidienne, la vieille Havane rénovée reste vivante, d'abord parce qu'à Cuba, on déménage peu et que les logements se transmettent d'une génération à la suivante, et puis aussi parce que les cubains aiment y venir pour leur plaisir ou pour déloger quelques CUC de la poche des touristes. Sur le front de mer, le Malecon est fréquenté par la jeunesse qui se baigne ou partage une bouteille de Havana club; derrière du Capitole enfin, les maisons sont délabrées et on n'y croise plus guère d'étrangers. C'est pourtant dommage d'ignorer ces quartiers où le quotidien havanais est le plus perceptible, la vieP1020460 tournée vers la rue, les enfants qui jouent à la pelota, les marchés alimentaires. Le soir, les groupes de salsa fleurissent dans chaque bar ou restaurant. Les étrangères perdent la tête dans les bras de virevoltants danseurs cubains, les étrangers dans les yeux de suaves et effrontées « jineteras ». Sur le comptoir, le meilleur rhum du monde magnifié en succulent mojito vous dégoutera à tout jamais des pales immitations que l'on sert hors du pays. Un Montecristo planté dans le bec pour la touche finale et toute tentative pour échapper à l'envoutement est vouée à l'echec. Les très raides allemands deviennent volubiles, les très vertueux danois, libidineux, quant aux russes ou aux latins, mieux vaut éviter le sujet et garder ça dans les dossiers classés confidentiels.

 

Hemingway avait un goût très sûr. Pour avoir passé une bonne partie de sa vie à Cuba - Pêche au gros le matin, écriture l'après-midi et descente d'une longue série de cocktails le soir, avec option baston pour ceux qui le dérangaient - il est une des figures les plus populaire P1020490de Cuba et de la Havane en particulier. « Papa » ne peut évidemment pas rivaliser avec le Che, omniprésent. Mais le choix de son dernier pays d'adoption était celui d'un hédoniste. La Havane des mafiosi américains n'est plus celle de Castro mais l'ambiance est toujours là et la ville renait avec le tourisme et les devises. Aussi curieux que cela paraisse, bien que les relations soient souvent intéressées par la perspective de gratter quelques CUC, la situation n'a rien de malsain ni de désagréable. Les cubains sont en effet respectueux, fins et intéressants, leur relation décomplexée et enjouée à l'égard de tout rend les contacts toujours plaisants et permet d'authentiques et nombreux échanges. Même un « portugnol » médiocre comme le mien suffit à ouvrir toutes les portes.

 

Cuba est étonnant. Comparé à la main mise yankee sur une économie d'avant 59 qui enrichissait une poignée de nababs et excluait le reste la population, le système actuel a finalement bien réussi à assurer les besoins essentiels du plus grand nombre. C'est d'autant plus méritoire dans un contexte d'isolement international et d'embargo P1020440américain qui perdure. Le système cubain surpasse de loin de très nombreuses soit-disant démocraties africaines ou sud-américaines. Santé et éducation d'excellent niveau pour tous; sécurité absolue. Chacun a un toit quasi gratuit et les sans abris n'existent pas. Chacun mange à sa faim et à de quoi se vêtir correctement et même avec élégance. La vie culturelle est dense et chacun y a droit gratuitement. Alors bien sûr, pour les extras et le superflu, les moyens sont limités, l'état policier sait tout et contrôle tout mais il est assez pragmatique pour fermer les yeux devant le marché noir et les divers bricolos en contacts avec les touristes. C'est le seul moyen car le salaire d'un medecin, d'un universitaire de haut niveau ou d'un ingénieur n'excède pas une quinzaine d'euros. Aussi, une grande partie de la population se jette sur la manne touristique. Les gagnants économiques sont ici les tenanciers de casa particular, les restaurateurs, les revendeurs de cigares du marché noir, les taxisP1020517 individuels, les intermédiaires en tout genre, les musiciens payés au pourboire, les gigolos et les putes.

 

L'ensemble tient finalement bien la route et aucun des cubains avec qui nous discutons ne rêve de quitter le pays. Très éduqués et étonnament au fait des vicissitudes du capitalisme sauvage qui règne ailleurs, ils ne sont pas victimes du mirage occidental, et exploitent patiemment le moindre signe d'assouplissement que donne le régime afin de préserver la paix sociale. Contrairement aux idées reçues, le castrisme est loin d'être fini et a encore probablement de longues années devant lui, même lorsque le charismatique Lider Maximo passe aujourd'hui la main à son frangin. La contre-révolution ne gronde pas et Cuba représente un bon pied de nez à la pensée unique de nos sociétés qui érige comme dogme, qu'en dehors de la démocratie et du capitalisme, point de salut.  Je ne me lancerais pas dans une éloge hasardeuse du P1020471système mais disons juste que je ne m'attendais vraiment pas à ça. Mes représentations concernant Cuba, influencées par la presse où les romans d'exilés cubains étaient datées et inexactes. Lorsque je lirai la presse française, amenée par Guillaume et Bernard, qui commente la passation de pouvoir entre Fidel et Raul, je ne pourrai m'empêcher de sourire en lisant le pathétique edito de Libé, typique intello de gauche parigot bien pensant, à phosphorer à vide sur « l'essouflement du régime », « la detresse de la population », « l'aliénation des libertés ». Tellement décalé avec ce qui se passe ici que c'en devient ridicule. La situation économique, sociale et politique douteuse de nos pays occidentaux mériterait quand même un ton un peu moins péremptoire pour juger de la curieuse et intéressante alternative cubaine.    

 

Le 16 avril au matin, Nikko reprend son vol pour Montréal. Sacré mois passé tous les deux! Amitié forte etP1020604 tourmentée, tour à tour frères de sang ou à un cheveu du combat de coq. Ma faute? La sienne? Un peu des deux plus probablement. On se ressemble un peu trop peut-être et il n'y a rien de pire qu'un miroir. Rien de tièdasse au moins et nous sommes assez mûrs pour n'en garder que le meilleur. La vie tourne au ralenti à la Havane. L'armée cubaine parade sur la plaza de la revolcion et célèbre le cinquantenaire de la déculotée historique infligée aux Yankis à Playa Giron (Baie des cochons). Je ne m'y rends pas , me contente d'en regarder un peu sur la TV en noir et blanc d'Eldo, en compagnie de son petit fils qui prépare sa nième boite de cigares de contrebande. Pas de l'oie, oeil goguenard de Raul dans les tribunes, commentaires un peu grésillants de la TV d'état, voyage dans le temps. Bernard et Guillaume n'arrivent que le 20 et je ne suis pas pressé de retourner au bateau. Il y a un peu à faire mais j'ai assez donné à Point à Pitre et n'ai aucune intention de léser mes compagnons de leur part de boulot. Je lambine encore une journée, retrouve plus tard un copain danois et son père, installé ici depuis qu'il est tombé raide dingue d'une cubaine. La nuit s'allonge un peu, beaucoup, et je manque de rater mon bus du lendemain matin pour Trinidad.

 

Sur le trajet, je constate avec un étonnement toujours renouvellé le bon état des axes routiers et des infrastructures. A la descente de bus, je me laisse convaincre sans peine par la bonne bouille de Pedro et l'accompagne dans sa casa particular. 10 mètres sous plafond, au moins 300 mètres carrés dont une bonne quarantaine rien que pour ma piaule, mobilier octogénaire P1020562passé de père en fils. C'est un peu le modèle de toutes les maisons du centre historique de Trinidad. Tout comme pour leurs vieilles Plymouth, Dodge ou Ford, les cubains sont très soigneux et excellent à entretenir ce qui a été hérité de leurs ailleux. A Trinidad , les fortunes du sucre se sont volatilisés bien avant la révolution mais maisons, meubles et bibelots d'origine demeurent dans les familles. On vit modestement mais dans un palais et ses meubles. Elégance cubaine fortuite. C'est dans la lumière rasante et la température plus clémente de fin d'après-midi que Trinidad encore endormie est la plus agréable. Et bien sûr, à la nuit tombée, la nuit s'anime et danse.

 

Je flane en ville le premier jour et, le lendemain, pars à cheval dans la campagne environnante sur Margarita, bonne carne facile pour un cavalier peu expérimenté comme moi. Les cubains du ranch m'observent un peu et décident que je sais monter. Alors en attendant deux autres clients pour la ballade, je pars seul aux alentours sur Margarita pour faire connaissance avec elle. Les retardataires ne viennent finalement pas et je passerai donc cette journée en solo avec José, mon guide sympa, qui me laisse rapidement galoper à ma convenance une P1020550fois convaincu que je ne suis pas trop branque sur un canasson. Ce n'est pas un simple tour de manège mais une vraie journée de cheval qui m'attend, avec passage de cols, chemins étroits et rocailleux, pentes escarpées qu'il est plus sage de négocier en file indienne, pied à terre, longues étendues dans la sierra pelée, à travers les forêts d'encalyptus, les plantations de mangues, bananes, canne à sucre. On se désaltère parfois dans une finca sur le chemin et lorsqu'on a bien cuit sous le soleil, au bout du lit de la rivière assechée, une piscine naturelle permet de se rafraîchir enfin. Heureusement que je porte un jean et que Pedro m'a prêté ses tennis car les blondinettes scandinaves que je croise au retour ont les jambes écarlates coté pile, le soleil, et côté face, à vif de la cavale. Ce soir, elles n'auront même pas besoin d'allumer la lumière dans leur chambre pour y voir.

 

J'ai pris goût aux privilèges de l'exclusivité alors quand Pedro me propose de prendre un taxi privatif qui me déposera directement à la marina plutôt que le bus Viazul pour le même tarif, je n'hésite pas longtemps. Je ne comprends pas bien la combine, un minibus d'état à rentrer à vide vers la Havane, semble-t-il. Seul avec le chauffeur, je peux déplier à loisir mes jambes un peu courbaturées de la veille. A mon retour, Galapiat est sagement à sa place. Guillaume et Bernard arrivent le lendemain. Il était question de partir vite au début car Guillaume avait une échéance en France, finalement repoussée. Bernard est aussi d'humeur cruising,  dans « l'après ». Moi, je m'enP1020647 fous. J'en ai bien profité et peux partir demain si ils le souhaitent, à ceci près qu'il me semble que c'est un peu dommage pour eux. Et puis Cuba agit dès que nous allons à la Havane. L'urgence du départ se dissoud dans les mojitos et l'ambiance. A priori, on devrait faire route pour les Bermudes avec option stop aux Bahamas. Je leur laisse étudier la question. Pas chiant le captain. Et puis il semblerait que des kiwis voisins soient parvenus à obtenir un visa US auprès de la section des intérêts américains de Cuba. Ça n'a pas été simple et ils avaient un ricain à bord comme caution mais on va tenter le coup. Quelle ironie alors que partout ailleurs, hors de son pays d'origine, c'est une sinécure. Ça ranimerait l'option retour via New York. Rasés de près, pantalons, chaussures et chemises, baratin obséquieux. On va tenter.

 

De toutes façons un norther tardif est annoncé et je n'ai aucune intention de me frotter à lui. Alors on reste encore. A la Havane, je retombe sur un copain cubain. La nuit à quatre n'en finit pas. On vaque dans les quartiers hors circuit à la recherche d'un barbero pour nettoyer la tête de Guillaume. Un improbable américain installé ici, ex-collègue de contrebandier voileux transformant bénéfices de cigares à l'aller en bénéfices de produits US au retour vient echanger des bouquins et nous indique de bonnes adresses locales à proximité de la Marina, petits restaus de pêcheurs à quelques CUC, un peu de bricole sur le bateau avant un bowling de fin de journée. On prend le temps de prendre le temps. Si net en mode navigation, Galapiat, sédentaire à laP1020644 marina est un vaste foutoir de mecs sans femmes. Aux habitudes de vieux couple marin Bernard-Tanguy se superposent celles de vieux copains d'école Bernard-Guillaume. C'est ultra relax et un tantinet décadant.

 

Le Visa US est devenu notre graal, peut-être juste pour un improbable trajet La Havane-New-York. Ça sonne bien. Je ne suis pas le moins motivé des trois vu que je n'ai jamais mis les pieds à NYC et l'idée d'y parvenir pour la première fois avec mon canot me séduit beaucoup. Alors on fait du tourisme adminstratif, entre la section des intérêtes américains de Cuba, beaucoup de coups de fils dans le vide à l'ambasssade, puis le business center de l'hôtel Havane Libre où Cristina nous aide à remplir les formulaires kafkaiens de l'administration américaine. Il faut attendre beaucoup. Heureusement, l'hôtel Nacional n'est pas loin. Un vieux juck-box Wurlitzer distille un disque rayé de Louis amstrong pendant que P1020667nous patientons au bar accomagnés de Pinacoladas et des fantômes d'Errol Flynn, Ava Gardner et mille autres stars qui se sont succédées dans ce lieu mythique. Il y a pire comme salle d'attente. Le lendemain, retour à l'ambassade. Nous sortons notre pipo et nos documents et on nous laisse entrer. La préposée nous prend nos documents, on nous déleste chacun de 100 euros et lorsque nous sommes appellés par l'officiel pour l'entretien en nous réjouissant un peu vite de ce que nous pensons être la dernière étape de ce parcours du combattant, on nous informe très courtoisement mais fermement que ni Guillaume ni moi ne pouvons nous faire délivrer un visa avec des passeports écornés comme les nôtres. Quant à nous restituer notre argent, c'est incompatible avec la procédure. Solution suggérée, aller à l'ambassade de France et refaire deux passeports en procédure d'urgence. Notre dossier reste ouvert et nous devons nous estimer chanceux quand les cubaisn attendent environ 3 ans pour un rendez-vous.... Plus tard, chez les frenchies, nous apprenons que la procédure « d'urgence » pour un nouveau passeport prend un mois.... Et dans deux jours, c'est mon visa cubain qui arrive à expiration. Bon, bref, ça va se terminer aux Bermudes cette histoire. Un grand merci au vieillissant et paranoiaque Oncle Sam pour nous avoir fait perdre notre temps et arnaqués aussi poliement.

 

Cette mésaventure adminstrative renforce un peu plus ma sympathie pour Cuba et mon irritation pour le gros ogre voisin. Je décore derechef le bateau de l'affiche célébrant les 50 ans de la victoire cubaine sur les caincains à la baie des cochons.

13 avril 2011

Longue cotiere vers la Havane

 

P1020406Nikko reprend son vol pour Montréal le 17 Avril, Après notre premier aperçu urbain de Cienfuegos, il souhaite naturellement se garder quelques jour dans la capitale. 500 milles en étapes pour la plupart désertes nous en séparent et je tente d'établir un programme en fonction. Pas évident du tout. Le régime météo dominant d'alizés NE est censé exposer le nord de Cuba et protéger le sud où nous nous trouvons mais une dépression stationnaire sur le Yucatan chamboule durablement les statistiques et  un flux du sud est de mise. Pas de chance car les Cayes du sud se négocient plutôt par temps calme. L'Imray de Cuba est épai comme une bible et paradoxal comme le pays: Les mouillages protégés du flux sud sont au nord des cayes mais sans intérêt, moustiques et mangrove, les lagons et plages au sud sont pratiquables quand c'est calme seulement, d'autant que l'accroche des ancres sur des fonds durs est médiocre. Pas très encourageant.

 

P1020380Si j'ai acquis une bonne expérience nautique tout terrain au cours de ce voyage, hauturier, fleuves, caillasse et autre, j'avoue être bizuth sur des terrains comme Cuba où on passe de 1000 mètres de fonds à des reefs dangereux en deux milles. Commençons simple: Cienfuegos Cayo Rosario, 120 milles. A l'arrivée, un chenal balisé qui coupe le reef histoire de se faire la main et la barrière de corail qui casse le swell même le plus gros. Pénibilité et longueur des formalités de sorties de Cienfuegos obligent, nous ne partons qu'en fin de matinée, lorsque le thermique accélérant les conditions dépressionnaires actuelles s'est bien levé. Nous croisons un catacaravane dans la passe qui  retourne penaud à la Marina et nous incinte à faire de même. J'y réflechis un peu mais, à la différence d'un de ces veaux,  Galapiat peut se frotter à des conditions inconfortables. Deux ris dans la toile, génois P1020368bien réduit, nous progressons à bonne vitesse sur le cap au près serré. Les conditions se calment au fur et à mesure que nous nous dégageons de la côte et en fin d'après midi, toute voile est dehors. Le vent tient la nuit et au final, la passe est atteinte à l'aube.

 

Certes correctement protégés du swell et heureusent car ça souffle, dans trois mètres d'eau,  on est comme mouillé au milieu de l'océan, à bonne distance des deux Cayos environnants. De la mangrove seulement. L'eau est claire mais les possidonies qui tapissent les fonds pourtant tout proches leur donnent une teinte verdadre. Décevant de prime abord mais c'est comme ça et nous sommes fatigués de notre dernière nuit à Cienfuegos et de la nav qui nous a menée ici. Alors repos. Et puis quand même, Dès que nous P1020372explorons les premiers coraux aux alentours, les langoustes abondent et ça tombe bien car nous sommes un peu secs côté avitatillement et cash. Nikko en rapporte trois. Si c'est notre régime pendant 10  jours jusqu'à la Havane, on s'en contentera.               

 

30 milles plus loin le lendemain, c'est Cayo Matias. Un must. Coté terre, une fantastique plage de poudre coralienne blanche et déserte, en face,  le reef est à 5mn de dinghy. Mouillés par à peine 1,5 mètres d'eau en fin d'après midi, nous mettons l'annexe à l'eau pour aller l'explorer avec le fusil. Nous finissons par trouver une zone où du beau poisson abonde. Je suis un peu novice en matière de chasse et le fusil de Bernard a surtout été décoratif jusqu'à présent: eaux troubles du Brésil, claires des Antilles mais sans grand chose, P1020383ou claires et poissonneuses mais interdites à la chasse. A Cuba aussi, la chasse est interdite mais seuls à des dizaines de milles à la ronde, qu'importe. J'observe, évite la boucherie en évitant des petites pièces faciles et finit par aligner une sorte de belle Dorade, agile et méfiante. La bête est puissante et je bataille un bon moment pour la fatiguer et la remonter. Vérification faite dans un bouquin, c'est un Pagre, efectivement réputé batailleur. Faute de technique affutée pour achever efficacement la bête une fois plantée, je casse l'extrémité de la flèche en tentant de le maîtriser. 4 bons kilos qui finissent en festin délicieux sur le barbecue de la plage, accompagné de la dernière bouteille de vin et d'un Habana club + Romeo y Julietta en guise de digestif. Juste parfait. A 9h, tout est plié. 30 mn plus tard nous dormons.

 

Le lendemain, retour à la chasse sur une autre partie du récif. Moins de succès car je m'acharne àP1020392 poursuivre un inquiétant Barracuda d'au moins 1 mètre. J'hésite à le tirer car que ferai-je avec ma technique limitée une fois qu'il sera au bout de la flèche en train de me faire face la gueule béante?   En Afrique, ils ont la réputation d'attaquer parfois les chasseurs qui manquent leur coup. J'hésite mais c'est trop tentant. Le Barracuda est curieux. Il s'approche souvent mais toujours à bonne distance. En passant dans un angle mort, je l'aligne un peu loin, limite de portée du fusil  et le plante juste derrière la tête sur le dos. Trop loin, faute de puissance, la flèche ne l'a pas traversé et ses ruades ont vite fait de le dégager. Tant mieux d'ailleurs car je n'aurais probablement pas su le maîtriser.  Et puis je réalise que dans une zone à Ciguatera comme ici, manger du Barracuda est plutôt stupide. Un joli petit mérou et deux langoustes attrapées par Nikko feront l'affaire. Nous P1020403retournons sur la plage au « Campo de la Tortuga », nommé ainsi depuis que j'ai trouvé à proximité un crâne de grosse tortue que nous avons érigé en totem pour marquer notre territoire. Les braises de la veille sont encore brûlantes, le feu repart en quelques secondes. Dernier jour. Nous sommes plutôt d'humeur ballade et restons derrière le reef pour plonger en eaux calmes au  « jardin », que nous avons baptisé ainsi car le corail y est somptueux. Ni Nikko ni moi n'avons jamais été ébloui par un tel foisonnement. Du poisson aussi mais trop petit pour mériter la chasse et pas de langoustes, du moins c'est ce que nous avons cru lors de notre première exploration.....

 

En fait, nous identifions un coin à langoustes, et quelles langoustes!! Nikko en rapporte une superbe de quelques 3 kilos, j'y vais à mon tour et tombe nez à nez sur un monstre. J'avais lu un peu incrédule que certaines peuvent atteindre 1m60 et désormais je le crois. Plus longue que le fusil de Bernard, elle est tellement grosse que faute de trou suffisemment grand pour l'abriter, là où on les débusque généralement, elle se ballade sur le corail telle une araignée géante de film d'horreur de catégorie Z . La langouste est un animal hideux. On s'en rend réellement compte quand elle atteint une telle taille, un bon mètre. Avec ma simple flèche à piquer, je ne fais pas le poids, avec le fusil, peut-être. Je retourne le chercher mais à mon retour, elle a disparu. Comme pour le Barracuda de la veille, c'est peut-être mieux ainsi, d'autrant qu'une demi-heure plus tard, nous en avons ramené 3 autres encore plus imposantes que la première remontée mais à taille humaine tout de même. Retour au « campo de la tortuga ». Une queue de langouste grillée nous suffit amplement chacun. Les deux restantes seront les bienvenues ce soir, froides avec de la mayonnaise maison, pour la nav de nuit jusqu'à l'île de la Juventud.

 

Caleta Puerto Frances, à l'extrémité ouest de l'île de la Juventud, nous accueille à l'aube au terme d'uneP1020409 navigation peu ventée. Un autre voilier au mouillage, le premier depuis 4 jours, nous confirme la zone où mouiller. On prend nos marques dans cette configuration cubaine particulière: soigner les atterissages et approcher sur la pointe de la coque, une personne à la proue pour détecter les patates de corail puis une tâche claire, du sable, où lacher la pioche avec une petite chance qu'elle accroche. La baie est immense, l'eau cristalline. Il fait faim et c'est l'heure d'aller chasser sur le reef. Moins riche que Cayo Matias, deux poissons moyens nous assureront le déjeuner. La plage est immense et se prolonge au nord par une autre baie et nous donne l'occasion de nous dégourdir les jambes. Une lointaine palapa isolée nous fait un moment rêver d'une bière fraîche. Nous sommes à sec de tout. A son approche, des rangées de transats à la mode URSS années 60 jalonnent la plage du nord, vides. Personne. La case se révèle être celle des gardiens du parc national. Ils sont 4, esseulés et tranquillement désoeuvrés, sympas, ne voient manifestement jamais personne et n'ont rien. Au retour, le bateau a un peu chassé. Bizarre car j'avais vérifié l'ancre qui semblait bien plantée dans le sable. Sauf que vérification faîte , la couche de sable de moins de 10 cm recouvre de la caillasse lisse. Comme me le précise le Français du bateau voisin, fort de deux mois dans le pays, Ici et dans la plupart des mouillages similaires, aucune ancre ne peut tenir quand ça souffle un peu. On se contente du poids de la chaine et on surveille.

 

Dernier Cayo du sud Cuba dans la mire à 30 milles: San Felipe. Là encore, c'est un peu compliqué car leP1020399 beau mouillage qui ne nécessite pas de faire des très longs détours par des passes douteuses n'est vaguement protégé que de l'est et du NE. Or, nous avons toujours du sud mais la renverse est prévue le soir. Juste le temps d'y aller et profiter de la renverse. Sauf que la renverse qui se produit effectivement en fin de journée alors que nous nous apprêtons à entrer dans les hauts fonds s'accompagne d'une vilaine ligne de nuages menaçants. Heureusement que la Français m'a décrit en détail le comportement de ces fameux « northers », tant redoutés ici. Le gentil souffle du sud tourne alors NE hésitant pendant que la pluie se met à tomber drue. Je patiente un peu, histoire de voir si il n'y a que ça et je suis servi! En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, le vent monte, 15, 25, 35 et plus de 40 noeuds.... Inutile de penser au mouillage dans ces conditions. Le soleil P1020407se couche deux heures plus tard. Ne reste plus qu'à patienter. A sec de toile à la cape, on se laisse dériver en faisant le gros dos. Ça dure deux heures. J'hésite un peu sur la marche à suivre: Zapper Cayo San Felipe et poursuivre à l'ouest pour attérir ailleurs demain matin. Bof, d'autant qu'après quelques heures, le vent faiblit et je sens venir de la pétole et du moteur. Finalement, nous attendrons avec la trinquette seule pour capeyer confortablement sans trop rouler. Ne reste plus qu'à dormir quelques heures et à remettre la toile vers 5h afin de remonter au près les 15 milles dérivés pendant la nuit. Le mouillage atteint avec le lever du soleil est immense, superbe et désert, sinon cette case en bois munie de panneaux solaire, tout comme celle de Caleta Puerto Frances. Une équipe de 4 cubains s'y relaye chaque semaine. Cette fois-ci, cette une « estacion biologica » dont le personnel veille sur la faune et la flore. Les moyens déployés sont à nouveau très impressionnants: une barque à rame, une baraque en bois nue et vide sinon le poste de TV pour suivre le championnat national de base-ball qui bat son plein. Les  gars sont ravis de nous voir car c'est l'occasion de nous demander un peu d'huile pour la cuisine. Quand plus tard nous les visitons et que je leur offre une bobine de fil de pêche, je deviens un vrai messie et ils se plient en quatre pour partager l'apéritif. Choix unique cependant : eau de noix de coco.  Ces équipes désoeuvrées et pléthoriques seules avec les Iguanes et les oiseaux ont un goût de desert des tartares.

 

P10204147 Avril déjà. Le temps file, trop vite. Et il reste 250 milles techniques jusqu'à la Havane. Je phosphore à la table à carte pour négocier au mieux le passage du cab San Antonio où vent contre courant lèvent une mer souvent méchante puis calculer au mieux une dernière étape intérmédiaire au Cayo Levisa sur la côté nord, qu'on n'atteindra en louvoyant et dont l'approche se négocie impérativement de jour. En fait, ça se passe nickel. Le passage du cap se fait dans des conditions très calmes la première nuit et, passés au nord, le Gulf Stream et l'exploitation des thermiques nous  permettent de tirer des bords très efficaces. La seconde nuit est assez musclée avec 20-25 noeuds de vent au près serré et des bords qui nous font couper le rail des navires commerciaux à multiples reprises. Il y a du trafic et l'attention est vitale pour négocier un passage à ras la moustache de ces gros monstres qui se succèdent. A l'aube, nous entrons dans la passe qui mène au Cayo Levisa. Encore une fois, avec un quillard je serai dedans: certains passages calent moins d'1m 50. Cette fois-ci, nous ne sommes plus seuls. Enfin, au mouillage protégé du sud du cayo, si, mais la plage du nord à laquelle mène un court chemin abrite un petit complexe de bungalows et bar-restaurant. Après plusieurs jours de solitude, Nikko et moi apprécions bien de nous méler aux quelques estivants qui grillent sur leur transat, d'autant que c'est relax, pas trop de monde et dès lors qu'on prend quelques daiquiris au bar, personne ne vient nous refuser la jouissance des installations. Deux jours à flemasser sur la plage pour ne regagner le bateau que le soir. J'en profite d'autant plus que Cayo Levisa est mon tout dernier mouillage tropical. 13 Avril.

 

Encore 60 milles pour la Marina Hemimgway. Nous voici a la Havane... La Marina est commode mais loin du centre. Nikko et moi allons donc abandonner Galapiat quelques jours et migrer vers une casa particular de la Habana Vieja.

 

 

30 mars 2011

Cuba la demerde

P1020248La quiétude lénifiante des petites Antilles m'a ramolli et laissé tournoyer des questionnements lugubres quant au retour en Europe et à ma future vie de terrien aliéné repartant de moins que zéro après cette parenthèse de liberté absolue. La perspective de Cuba et la semaine de préparatifs à la marina de Point à Pitre ont nettoyé cet informe magma angoissant aussi efficacement qu' un bon grain violent rince le pont. Galapiat est en parfait ordre de marche et la bande de skippers, hôtesses de charters et autres commerçants avec qui je me suis lié rapidement a très agréablement occupé mon temps libre. Je suis à nouveau en prise sur l'instant, le seul qui compte. Nikko atterit de Montréal le 17 Mars, nous fêtons dignement son arrivée avec mes comparses dans le très secret et crapoteux Yacht club de Point à Pitre et partons le lendemain.

 

J'ai planché sur le très complet Imray de Nigel Calder concernant Cuba. Comme souvent dans les préparatifs de nav en dehors des sentiers battus, j'oscille entre stress et excitation. Voyons donc. Peu de monde s'y aventure, Cuba est immense, la paperasserie pénible, les mouillages innombrables mais difficiles, logés le plus souvent au creux de reefs piègeux aux passes étroites où « deep water » signifie 3 mètres. Je prends des notes, repère tandis qu'un agréable frisson me parcourt, celui-là même que je ressentais en planifiant les Bijagos l'annéeP1020246 dernière. Pour commencer, Cuba, il faut y aller et après les promenades des quelques dizaines de milles dans le parc d'attraction des petites Antilles, on change d'échelle. Point à Pitre-Cienfuegos, c'est 1300 milles. Tourner l'ouest de Cuba jusqu'à la Havane ensuite, 500 de plus. La meteo y est changeante et souvent  traitresse.

 

Je suis content de reprendre la mer. Nikko aussi même si il est un peu flou au départ. Après une première journée mollassone, nous alignons trois belles journées rapides à plus / moins 180 milles. Grand largue, assez confort pour peu que l'on prenne bien ses appuis dans les accélérations à  8 -10 noeuds. Nos quarts sont bizarres. Je donne toujours le choix à mes équipiers. Nikko fait souvent la première partie de nuit jusqu'à minuit, moi la seconde jusqu'à 4h que je prolonge en général car des grains nocturnes cassent le rythme et je préfère gérer l'incessantP1020267 changement d'allures moi-même pour lui laisser un canot stabilisé ou, à défaut, à manoeuvrer de jour.

 

Si je me suis mis à la cartographie electronique en côtière, sur les longues tirées océaniques, je n'en vois pas l'intérêt. PC rangé, j'ai ressorti la routière papier Antillles qui m'avait servi à convoyer le canot en France depuis Panama en 2008 et croise avec une certaine émotion ma route tracée au crayon à papier vers le windward passage d'il y a 3 ans. Depuis que nous avons dépassé la pointe ouest d'Hispaniola, le vent a molli pour disparaître complètement au fur et à mesure que nous nous rapprochons de la Jamaïque. 10h de moteur d'affilée jusqu'au soir où un filet d'air permet de remettre toute la toile pour une nuit magique à filer 6 noeuds sur une mer glassy. Dès le matin suivant, même punition pour plus de 24h cette fois-ci. La mer est un miroir. Nous sommes encore à plus de 250P1020287 milles de Cienfuegos et les prévisions météo sont consternantes. Ecrasés par le soleil, on coupe parfois pour un saut dans le grand bleu, pas trop longtemps car même si c'est absurde, l'infini océanique au plus calme, si tentant soit-il, ne résiste pas à la crainte diffuse de la grosse bête dentée surgissant traitreusement des abysses.  Ronron ronron.... . A peine 5 noeud de vent au près, on remet la toile pour quelques heures plus plaisantes qu'efficaces. Calme blanc agrémenté de fréquentes visites de dauphins par dizaines. L'exceptionnelle visibilité aquarium de cette mer figée nous permet plus que jamais d'admirer leurs gracieuses évolutions.

 

A l'approche de la terre, un régime de thermiques s'établit. Voile à nouveau. J'observe et recoupe avec les indications météo de L'Imray. Aborder une nouvelle zone de navigation et ses spécificités suppose de travailler un peu, être à l'affut afin de « sentir » les éléments pour planifier au mieux la suite des évènements. Huitième et dernier jour, je tergiverse un moment entre Trinidad et Cienfuegos, sachant que je veux arriver de jour, le matin, pour atterir confortablement mais surtout pour faire les formalités sans perdre trop de temps. On reste finalement calés sur Cienfuegos et on sous toile afin P1020301d'arriver lentement pour l'aube. Lever du soleil dans le chenal. La Guarda Frontera ne répond pas à la VHF, pas plus que la Marina Jagua. A son approche, un gars nous désigne un quai et nous demande gentillement d'attendre les officiels.

 

Santé, ministère de l'intérieur, capitainerie, immigration, douanes. Une dizaine de personnes et un chien se succèdent à bord entre 10h et et 15h. Je remplis et signe des dizaines de formulaires similaires. Ça peut paraître rebutant décrit ainsi mais c'est au contraire plutôt plaisant. Chaque fonctionnaire est délicieux, offre de se déchausser avant de monter à bord, insiste pour que je suive les fouilles pour m'assurer que tout reste en place, remercient quand je leur offre un reste de paquet de bonbons épargné par mes fistons. Nous sympathisons à chaque fois. Nikko et moi sommes ébahis par tant de prévenance. Quel contraste après ces tes de cons de guadeloupéens! On est creuvés mais l'excitation nous sustente.

 

Un premier tour rapide aux alentours donne le la: sourires, musique, filles superbes, metissage sur toute la gamme de couleurs, vieilles américaines figées dans les années 50, daiquiris et mojitos scientifiquement dosés, le tout dans en environnement naturel etP1020310 architectural à couper le souffle. En quelques heures, nous intuitons Cuba comme un paradoxe improbable et difficilement déchiffrable. Le suisse du ponton voisin nous l'a dit avec un demi-sourire ; c'est tous les jours la fête ici. Au bar, les familles invitent immédiatment au partage du festin. Quelles que soient les difficutés, les cubains sont beaux, vivaces et accueillants, un peu cousins des brésiliens d'une certaine façon par leur attitude toujours enjouée, ouverte et partageuse.

 

A Cienfuegos, la voirie est nickel, les rues animées, les somptueux bâtiments coloniaux dans un état de décrépitude tout à fait raisonnable. Mais même hors circuit balisé pour touristes en voyage organisé, la vie est chère ainsi que nous nous en rendons rapidement compte.  Quand une bouffe à une dizaine de CUC P1020320(pesos convertible ayant remplacé le dollar), soit l'équivallent en euros  représente plus d'un  mois de salaire moyen cubain et que le plein d'un V8 américain cinquantenaire et glouton ferait verdir tout européen avec un pouvoir d'achat pourtant stratosphérique en comparaison, le fonctionnement de cette société déroute. Comment font ils? On suppute, discute, questionne et la réponse est finalement assez simple: les choses changent à Cuba. Le tourisme est devenu le moteur de l'économie. Le pesos cubain a d'ailleurs presque complètement disparu au profit du CUC dont le taux de change arbitraire siphone les devises des portefeuilles étrangers pour alimenter l'économie cubaine. Tout cubain chasse désormais le CUC par tous les moyens.

 

Les boutiques ne sont pas si mal achalandées, mais impossible P1020300de joindre les deux bouts dans les règles établies avec les salaires officiels. Les cubains rusent et combinent avec le sourire. Le changeur d'argent au marché noir avec qui on partage ensuite un cappucino se marre, le revendeur de Cohibas « tombés du camion » avec qui nous faisons affaire parade sur la plaza José Marti avec une gouaille insolente. La prudence vis à vis des  autorités est partout présente mais n'empêche pas de sinuer. On semble y jouer au chat et à la souris en permanence, équilibre acrobatique élégant sur la tangente. Même les officiels qui sont passés à bord pour la clearance du premier jour nous ont donné des « trucs », pour contourner les règles. Demerde géniale et positive en permanence pour survivre. Troublant, étonnant et fascinant d'autant que le pays reste très étanche à la mondialisation gallopante: Pas de distributeurs d'argent ici et encore moins d'internet fonctionnel dans la quatrième ville du pays... Et quand l'essence devient trop chère, et bien on relance la cariole à chevaux ou le cyclopousse.

 

Pas d'angélisme hâtif non plus. On est quand même dans un état policier. Je l'expérimente dès le deuxième soir alors que je discute avec deux gazelles sur le Marecon et que Nikko est rentré au bateau. Une Lada sport pile sur la chaussée, trois policiers en descendent pour un contrôle d'identité. Elles sont probablement un peu trop jolies et donc suspectes de trainer avec un gringo mais elles ont leur papiers et ne sont pas inquiétées. Comme d'habitude, moi je ne les ai pas. Je propose d'aller les chercher avec eux sur le bateau, la marina est à peine 100 mètres mais ma suggestion fait un flop. Le véhicule fait demi-tour en direction du centre et du poste de police. Je ne stresse pas car les policiers sont très courtois, rien à voir avec les demeurés aggressifs qui officient en Sarkoland. On ne me jette pas en tôle, me laisse même seul sans surveillance à côté de la sortie. Ça dure longtemps. Je finis par m'allonger sur leur incomfortables sièges en plastique pour un petit somme. Parfois, des flics curieux se succedent pour discuter avec « el marinero frances ». Qu'est ce qu'on attend? Mystère impénétrable qui durera deux bonnes heures jusqu'à ce qu'on m'invite à reprendre place dans la même Lada pour me raccompagner à la Marina et y vérifier mes papiers. On me salue. Terminé. Un peu kafaien mais finalement utile car effectivement, la prudence est quand même de mise dans ce pays dès qu'on s'écarte un peu de la ligne.

 P1020350

Nikko et moi nous plaisons vraiment beaucoup à Cienfuegos. Mais il y a tant à faire d'ici la Havane que le temps est compté. Et puis le problème, c'est qu'il est difficile de ne pas sortir chaque soir, de ne pas se faire embarquer dans un traquenard. Le lundi, je prolonge finalement ma nuit commencée au poste dans un club bondé et caliente. Chaque nuit, la fête se translate d'un endroit à un autre. Le mardi, après un début de soirée en ville, Nikko et moi retombons sur l'unique taxi qui roule encore après 23h, celui-là même que j'ai pris la veille: junior, 28 ans, impérial et classieux à souhait, dans sa belle Chevrolet ronronnante. Je rentrerai bien pour être frais demain matin mais Nikko en veut sa part et Junior nous emmène au spot festif du mardi soir. Rebelotte, ça se dandine de partout, on retrouve des cubains / cubaines rencontrés les deux jours précédents. C'est reparti. Et c'est apparement ainsi chaque nuit 7 jours sur 7....

12 mars 2011

Dernier rendez-vous avec les enfants sur Galapiat

Ce mois en Guadeloupe avec les enfants est le dernier que je passe avec eux sur Galapiat. La prochaine fois, en Juillet, P1020128ça sera en France, canot stationné aux Açores, avant le dernier run vers l'Europe en Août. Je serai finalement parvenu à partager ce voyage avec eux malgré les obstacles, à commencer par leur mère, les encouragements du genre : « Tu rêves! Jamais un juge n'acceptera ça! » et mes propres doutes sur la façon pratique dont tout cela pourrait s'organiser. Compliqué mais finalement pas tant que ça grâce à l'aide de ma mère et de Nanou en particulier. De la Méditerrannée aux Canaries en 2009, au Sénégal, vers Rio puis Salvador en 2010 et enfin en Guadeloupe, mes mini-marinheros auront finalement passé plus de 7 mois à bord avec moi.

Les mouillages protégés en Guadeloupe et îles environnantes se situent pour la plupart sous le vent de Basse Terre ou aux Saintes. L'alizé est toujours aussi fort, la mer cassante. Seul pendant les trois premières semaines avec les enfants, je privilégie bien entendu sécurité et tranquilité d'esprit. Tenter Saint Anne à l'est de Point à P1020067Pitre le premier jour n'est donc pas une bonne idée. Au près, gités et secoués, les enfants pas encore amarinés vomissent tous deux dans la cabine. Quant au mouillage, un coup de jumelles à son approche suffit pour se rendre compte qu'il sera rock & roll. Nous nous rappatrions sous l'îlet du Gosier et, le lendemain, déposons Bernard à terre pour son vol du soir. Sous 30 noeuds de vent, même avec l'ancre bien crochée et 50 mètres de chaine dans 5 mètre d'eau, désormais seul avec eux, je n'en mène pas large et ne suis pas très satisfait de mes choix. Nous désertons aussi souvent que possible le canot rouleur et bruyant sous les rafales qui sifflent dans le gréement. La jolie plage peu fréquentée de l'îlet est un bon camps retranché. Les kids exultent, retrouvent leurs activités aquatiques, traquent les petites bêtes rouges, explorent le phare ou chevauchent les « motos des mers » qui y font escale.

Au bout de deux jours, les conditions moins hostiles permettent de P1020072dégager vers les Saintes sans trop de stress. 20 noeuds bien tassés au travers, 30 sous grains, 3 mètres de creux. Rien de trop méchant en soit mais seul avec eux, j'anticipe et prépare soigneusement chaque détail de la moindre manoeuvre. Les enfants sont un peu crispés au début, beaucoup d'adultes le seraient. Je leur explique que ce n'est jamais qu'un gros manège et qu'avec papa, rien ne peut leur arriver. Impliqués dans la navigation, les voilà rassurés et très appliqués à leurs taĉhes. Une vague plus forte que les autres claque contre la coque et nous rince de la tête au pieds. Ewen, dégouté, rentre penaud dans la cabine, Thao se marre avant de rejoindre son frère après la deuxième douche. J'enfile le ciré, on trace à plus de 8 noeuds, tant mieux car ces 20 milles seront vite effacés. Je barre un peu dans un sale grain mais le reste du temps, me libère pour jouer aux playmobils avec eux à l'abri de la pluie pendant que le pilote nous emmène à destination fissa fissa, un ris dans la GV et yankee. Grand soleil et calme enfin nous saluent dès que nous passons sous le vent de l'ïlet Cabri. Peu de voiliers, parfaites conditions pour mouiller nickel. Jolie petite nav finalement.

L'intérêt des Saintes est qu'on peut choisir, en fonction de la météo et de l'humeur, l'un de ses trois plaisants et proches P1020115mouillages. Avitaillement refait avant le départ, nous sommes autonomes et restons à l'écart du Bourg pendant une semaine. L'îlet Cabri puis le petit pain de sucre sont aérés et parfait pour assouvir leur frénésie de baignades et ballades dans la nature mais la fin des yaourts rend nécessaire le retour à la civilisation et au Bourg des Saintes. Je le trouve nettement plus agréable que la première fois où nous y sommes passés avec Bernard. J'ai toujours une furieuse envie de tirer dans ce tas d'abrutis qui déboulent comme des dingues dans les ruelles en scooter mais sinon, entre le fort Napoleon; les ballades en kayak, les plages et les nombreux enfants qui se retrouvent en fin de journée au village pour jouer au loup, faire du skate ou disputer une partie de foot, les activités abondent. De nombreuses unités passent ou stationnent dans les parages et entre les invitations à bord du « Bel Espoir », le trois mat du père Jaouen ou, à l'opposé du spectre, sur le trimaran 50' du très sympathique Eric Dumont, coureur pro entreprenant et passionant, la curiosité des enfants pour toute machine nautique est comblée, la mienne aussi.

P1020156Nous développons assez rapidement une vie sociale assez dense. Au bourg, à bord d'un canot ou sur la plage, les enfants retrouvent leurs copains. Le monde de la bourlingue nautique est minuscule par ici. Je m'en était déjà aperçu à Pointe à Pitre après avoir revu un solitaire rencontré à Rabat ou une copine d'école en vacances sur le classe 40 de son compagnon, coureur pro. Les routes convergent aux Saintes. Jean-Philippe et Clara m'abordent au Bourg. Ils sont des amis de Cécile, mon équipîère de choc entre Vittoria et Salvador; la famille du superbe Outremer 55 Zephyr passe me saluer à bord. Ils ont rencontré Mlle C en Casamance il y a deux mois juste avant leur transat; le Rapa Nui de Carriacou est tout proche aussi. Nous passons de bons moments les uns avec les autres. Une vraie vie de village....

Thao et Ewen ne cessent de m'épater. Comme tout père, je ne suis probablement pas très objectif mais les tiers aussi s'étonnent souvent de leur adresse et de leur vivacité. Tous deux socialisent P1020139naturellement et immédiatement avec des enfants de plusieurs années leurs aînés, empruntent masque et tuba d'un petit copain pour s'en servir sans difficulté, mettent à l'eau le kayak de Jean-Philippe et quittent la plage en pagayant sans prévenir personne non sans avoir kidnappé une petite fille de 8 ans. Thao assure la conduite de l'annexe de A à Z, barre Galapiat très proprement; Ewen est un dieu du freesbee et avec une balle aux pieds, son shoot est si puissant qu'une innocente dame sur la trajectoire du ballon s'en trouve à moitié sonnée.

Diabalement efficaces mais pas très civilisés.... Idéalement, j'adorerais aussi que ranger ne soit pas qu'un concept abstrait, que les accidents nocturnes d'Ewen à bientôt quatre ans ne m'occasionnent pas des lessives tous les 2 jours, que le contenu de leur assiettes et verres n'atterisse pas systématiquement pour moitié dans leur estomac et pour l'autre, par terre ou sur les coussins, que leurs disputes ne tournent pas au combat de rue. Mais bon, on ne peut pas tout avoir....

Février arrive à son terme et retourner à Point à Pitre pour embarquer ma mère, mieux connue sous le nom de code de P1020181« Mamy Christine », n'est guère compatible avec la météo. Après quelques jours cléments, l'alizé a violemment repri du service. Lorsque des équipages d'adultes hésitent à partir, je ne vais certainement pas tenter le diable. Ma mère n'y tient pas non plus et elle nous rejoindra donc sur place avec la navette. Au mouillage, la situation redevient pénible. C'est bien connu depuis Sartre: « L'enfer, c'est les autres ». Moins les équipages sont expérimentés et plus ils éprouvent le besoin de se coller à nous. Les dérapages ça et là sont courants et je redoute chaque nuit la collision d'un de ces blaireaux en catacaravane de location mouillé trop près et trop court. Je les maudis et ne dors que d'un oeil.

Cette saison particulièrement dégeulasse se surpasse pour l'arrivée de Mamy Christine. Le premier jour, nous restons terrés dans le bateau sous des seaux d'eau. Les prévisions météo sont déprimantes, genre la même chose pendant une semaine avec une petite chance de P1020200mieux sous le vent de la Guadeloupe. Nous tentons cette option. Une fois passée la pointe sud de Basse Terre, la mer est plus calme et les grains ont effectivement tendance à s'être déjà essouflés sur le relief. Nous longeons une côte tristoune où, en fait de plages, Graal pour les enfants, se succèdent des anses caillasseuses et sans charme. L'île aux pigeons, « parc national Cousteau », tient en revanche ses promesses. Après avoir guetté le départ d'un voilier suédois amarré à la bouée idéale, nous l'investissons dans la foulée pour y passer la nuit. Pour la toute première fois aux Antilles, Galapiat y est seul. La plongée est un peu plus intéressante qu'ailleurs: corail encore vivant par endroit, poissons assez dodus. Le lever habituel des enfants vers 6h30 du matin nous permet de profiter pleinement du lieu avant l'arrivée des meutes de kayaks de mer ou des bateaux de plongée en milieu de matinée. Le bon moment pour partir vers Deshayes.

Deshayes « le plus beau village de Guadeloupe » selon le guide P1020214touristique de ma mère. « mouillage favori des voiliers » selon mon cruising guide. Ok, bon, bof. La baie est effectivement calme mais quant au bled, il se résume à deux rues de bicoques un peu déglinguées, le must de l'urbanisme de charme guadeloupéen semble-t-il. Comme d'habitude, ambiance couvre-feu sauf entre 17 et 18h environ. RAS sinon quelques petits restos agréables les pieds dans l'eau. A 2 km au nord en revanche, la vaste plage de Grand Anse est superbe. Heureusement que la mer est plate car même dans ces conditions, un gros shore break rend acrobatique tout débarquement / embarquement en annexe. Thao et Ewen adorent se faire balloter toute la matinée dans les vagues et, une fois revenus sur le bateau, s'effondrent de fatigue pour une longue sieste. Le jardin botanique sis dans l'ancienne propriété de Coluche est également un petit paradis magnifiquement aménagé. Il est déjà temps de revenir vers Point à Pitre. Les conditions redevenues tranquilles, le retour via les Saintes puis le Gosier est paisible.

J'ai le blues en racompagnant ma mère et les enfants à l'aéroport mais apprécie aussi le retour au calme sur Galapiat. Sur le quai, je retombe sur Eric Dumont et un de ses copains aventureux qui a silloné la planète de la Patagonie aux Marquises et exercé tous les métiers du monde: décorateur, monteur chez Canal+, « tourdumondiste » avec les plus grands navigateurs, photographe. On parle d'aventures, de rencontres et de grands espaces... . Retour sans transition au monde des « barbus ». Rien de tel que l'alternance....

J'ai quelques jours pour remettre le canot au carré, divers bricoles, grand nettoyage, rangement post tsunami et gros plein P1040109car je ne risque pas de trouver grand chose à Cuba. Je ne serai finalement seul pour cette dernière étape tropicale car après avoir testé la température, Nikko s'est décidé à me rejoindre sur un coup de tête comme il l'avait fait au Cap Vert. Il arrive dans quelques jours et nous partirons dans la foulée. Excellente surprise.

Il faudrait être difficile pour ne pas apprécier les courtes navigations ventées et la facilité générale au quotidien qu'offre l'arc Antillais. Ceci étant, c'est la partie du voyage la moins excitante. Trop de monde, peu de diversité d'une île à l'autre et puis surtout ce coma antillais qui atteint son comble en Guadeloupe. A de trop rares exceptions près, encore plus léthargiques que leurs voisins du sud, aussi aimables que des parisiens sans l'excuse du stress urbain et de la grisaille, les guadeloupéens rendent leur île bien triste et donnent surtout envie de fuir. Ces petites antilles auront surtout constitué une base logistique commode pour mon chantier à Grenade ainsi que pour recevoir les enfants. Je suis content d'en partir et vraiment perplexe sur les raisons qui font que les plaisanciers viennent s'y entasser en si grand nombre.

 

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