Atlantique
Bon, finalement, on s'est démerdé. Le safran est plié et il y a une
belle fuite par la mèche mais on privilégie la débrouille au travail
soigné. La raison en est simple : tomber le safran et refaire les
bagues nous prendrait au minimum 3 semaines pour un résultat non
garanti. Je choisis donc, au risque de créer une mutinerie, de
bidouiller la problème avec les moyens du bord : Redressement partiel
du safran avec un palan passé sur les winchs de génois. Trois
possibilités : ça ne fait rien, ça redresse ou ça casse. Comme ça n'a
pas cassé, j'ose éspérer que ça a quand même amélioré le paralléllisme
de la pelle. Quant à l'étanchéité, Chambre à air, silicone, graisse et
serflex feront l'affaire.
Au bout de cinq jours de boulot, nos voisins
américains, Jim sur son plan German frears acheté en Ecosse et qu'il rappatrie
à New York et Eric sur le Cata qu'il convoie des BVIs aux US, nous regardent
avec des yeux ronds: Et les essais en mer? Je réponds : Les Açores à
moins que ça se passe mal avant. Nous prenons une dernière murge
mémorable tous ensemble où je finis dans l'eau en essayant de regagner la
terre ferme depuis la proue du voilier de Jim. Nous partons
le lendemain.
Et ça tient. La barre ne branle plus, l'eau suinte
modérément par la mèche. Rattrapé par la peur, au bout de trois jours,
Jim me demande de le débarquer aux Bermudes. Nous n'y passons pas, le
vent est dans le nez, je lui promets les Açores. La vie du bord reprends son rythme. Nous progressons Nord-Est dans l'Atlantique à la recherche des vents portants que nous devrions toucher à la latitude des Bermudes.